Mot de l’éditeur :

Ce souffle nouveau

Un printemps difficile, contraint, contraignant : le souffle éditorial qui anime la maison Leméac depuis 1957 – celui des écrivains certes d’abord, mais corollairement aussi celui des éditeurs – a été au départ retenu, comprimé, rauque, un temps suspendu ; nous en avons manqué, il s’est fait court, on l’a cherché, il a tardé, nous avons retenu nos nouveautés à deux mains alors qu’elles se préparaient en mars à amorcer leur début dans la vie. Mais le souffle de l’écriture, on l’a vu par la suite, a passé à travers la première vague de la pandémie. Il a rendu compte de celle-ci avec abondance et fine intelligence dans les billets d’auteurs publiés sur notre page Facebook, il a traqué sans pitié sans vergogne sans masque le coronavirus. Le souffle de l’écriture vainc tout, on le savait ; on le sait à nouveau, on le saura pour la prochaine vague. 

Un été de dénonciations, de remises en question : le souffle des femmes du milieu littéraire s’est fait entendre avec force. Soucieuse de garantir un environnement sain et créatif au sein de la maison, de son catalogue, de ses activités promotionnelles publiques et privées, ceci afin de protéger les droits de tous les acteurs et actrices du domaine du livre, Leméac maintient ses engagements de promouvoir un lieu et un lien d’échange professionnel exempt de tout comportement déplacé, répréhensible ou criminel. Cette vague de dénonciations et de revendications étaye notre politique d’affirmation du droit au respect et à l’intégrité des personnes, au fil des processus de sélection, de direction littéraire, de production et de promotion de la littérature, que la maison Leméac pratique depuis plus de soixante-trois ans. Les plaintes qui seraient portées à notre attention seront prises en considération. Afin que notre accompagnement soit adéquat, il nous faut impérativement savoir pour agir, et les mots pour le dire doivent être entendus. Nous sommes à l’écoute.

Un automne poussé par un souffle nouveau, un désir plus fort encore de mieux faire apprécier la prochaine moisson. Voici un programme resserré en nombre de nouveautés, les circonstances nous y ont obligé, mais porteur de textes qui vont ragaillardir tout lecteur encore flagada. Des surprises, des attendus, des inespérés, des coups d’envoi, des œuvres rassemblées, rassembleuses, toniques, critiques, rêveuses, piquantes, irrévérencieuses, contrastées : la vie en encre noire sur papier blanc. 

Pierre Filion