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Un jour de juin 1999, peu avant la fin des classes, Maureen, 10 ans, bat un garçon jusqu’à le rendre sourd. Tara sait alors que l’événement marque le début officiel de son amitié avec la jeune fille, et que cette scène exaltante est annonciatrice d’un été palpitant.

Vingt ans plus tard, les deux amies ont perdu contact. Maureen est quelque part à San Francisco ; Tara, désormais enseignante au secondaire, retourne vivre chez ses parents à Salaberry, petite ville de banlieue – seulement pour la durée d’un contrat de remplacement, se promet-elle.

Bien vite, il devient indispensable pour Tara de retrouver Maureen. À peine est-elle revenue que l’immuabilité du quartier de son enfance l’étouffe déjà. Seuls les souvenirs de moments passés avec Maureen, au magnétisme envoûtant, lui apportent du réconfort. Mais où est-elle tandis que la banlieue use sans pitié de son emprise et reconduit les histoires de violence avec une force sûre et implacable ?

 

QUESTIONS & RÉPONSES

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Et soudain Maureen est votre premier roman. Comment êtes-vous arrivée à l’écriture?

J’ai toujours adoré les histoires. À la maison, les livres ont toujours été essentiels ; ma mère nous emmenait à la bibliothèque tous les samedis de pluie. C’était des moments sacrés. Enfant, j’écrivais de petites histoires que j’illustrais aussi, mais ça n’a pas duré. À l’adolescence, je passais mes étés à lire dehors. Les romans étaient probablement la seule chose qui ne me décevait pas. Puis, c’est au Cégep, dans un cours de création littéraire avec l’auteur Patrick Nicol, que j’ai commencé à coucher sur papier les idées qui me venaient et à essayer de mener à terme de petits projets d’écriture. L’envie d’écrire un roman a germé autour de ce moment-là, mais j’ai dû attendre la maîtrise pour m’y mettre. L’idée de départ de mon roman est survenue l’été juste avant. J’ai entrepris mon mémoire en études françaises sur le suicide féminin dans les romans de Michel Houellebecq avec l’intention d’explorer à mon tour la lucidité d’un personnage devant la disparition du bonheur dans mon projet de création. Je savais que mon récit fragmenté qui faisait quelque soixante pages deviendrait un roman.

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Y a-t-il une part autobiographique à votre roman?

Et soudain Maureen n’est pas mon histoire. Il faut le dire. Je ne suis pas Tara, ma narratrice. En fait, pour pouvoir bien raconter, il fallait que mes personnages gravitent dans un univers dans lequel je pouvais me projeter complètement, d’où la banlieue et l’école secondaire. Une banlieue qui n’est pas réelle d’ailleurs, et que j’ai remodelée à ma manière.

Là où on pourrait voir quelques fragments d’autofiction, c’est surtout dans les émotions de mes personnages. À travers eux, j’ai reconstruit des instants de beauté comme de souffrance, mais qui ne sont pas que les miens. Avec du recul, ce que j’ai voulu transmettre dans ce roman, est quelque chose que j’ai toujours ressenti en grandissant dans la banlieue sans en comprendre tout à fait l’origine. Une certaine angoisse à regarder les gens exister, à voir la légèreté de l’enfance se détacher de moi sans pouvoir la retenir. Je ne peux pas dire que je ne partage pas un peu de la désillusion de mon personnage principal.

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Comment vous est venu le titre?

Il a changé quelques fois au cours de l’écriture, tout comme l’histoire qui ne ressemble plus du tout à mon idée de départ! J’ai écrit en suivant mes personnages, et Maureen s’est imposée de plus en plus dans le récit. Elle est devenue une ombre trop présente et splendide pour garder le titre de départ. Avec le temps, il est devenu clair pour moi que Maureen devait se retrouver dedans. Mais, dans chaque titre que j’ai considéré, il y avait toujours cet empressement, l’urgence que ressent Tara à l’idée de retrouver son amie d’enfance. J’ai trouvé que Et soudain Maureen faisait l’effet d’un sursaut, d’une lueur d’espoir qui contraste complètement avec la lassitude et l’étouffement de Tara, comme si la présence de Maureen pourrait être salvatrice. Cette tension est le cœur du récit.

 

MARIANNE L’ESPÉRANCE EN ENTREVUE AU SALON DU LIVRE DE L’ESTRIE

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 EXTRAIT

« Je prends la route en milieu de soirée pour éviter l’heure de pointe du vendredi. Sur le pont Champlain, les automobiles filent dans la direction inverse, vers l’île de Montréal où les carreaux de vitres abreuvent déjà la ville de reflets dansants. À cette heure, les bonnes tables se remplissent. Un brouhaha apaisant. Les serveurs des bars de quartiers se frayent un chemin entre les tables serrées, pressant de la main le dos de clients pour se rendre derrière le comptoir. Ce soir encore, rien ne tarirait l’odeur de sucre que l’on retrouverait sur la rue de la Commune, le chassé-croisé des parfums de fête entre le centre-ville et le Vieux-Port, le claquement des chaussures d’occasion sur les pavés en direction du Club Chasse et Pêche où on mange le poisson du jour aux girolles et aux noix. Pendant qu’on fait la fête, que l’on se cale, repus dans les chaises, je repars vers Salaberry via l’autoroute 10. Le trajet a quelque chose de solennel. Une teneur tragique. Aussitôt le pont traversé, je repense à Maureen. Le souvenir emplit tout l’habitacle de la voiture. Cette journée où notre amitié s’est scellée dans la cour de récréation a tout d’une scène de cinéma. C’est ainsi que je l’ai immortalisée. Avec les haies serrées des weigelas rouge carmin, tout autour de l’école, et le paillis de cèdre orangé dessous. Près des toboggans, des éclats de voix qui fusent de tous côtés. Ceux d’Adam, plus près, parce que Maureen est assise à califourchon dessus et le frappe à répétition. Elle a des cheveux qui piègent la lumière en éclats soyeux, comme le fait l’ambre. On veut les prendre dans sa main, mais on n’ose pas. Les genoux de Maureen sont couverts de poudre de roche, écorchés, et son bras tiède que j’ai tenu un moment avant qu’une surveillante le saisisse et le traine jusqu’au bureau du directeur. Je ne peux pas parler pour Maureen, mais en ce qui me concerne, je n’ai pas connu de jour plus mémorable. »
 

PRESSE


Dès le prologue de Et soudain Maureen, la nouvelle venue Marianne L'Espérance raconte un souvenir d'enfance ayant marqué sa protagoniste. Son récit met la table pour la rencontre de deux amies d'enfance qui se retrouvent 20 ans plus tard dans leur banlieue natale. Captivant.

— ELLE Québec


Marianne L’Espérance casse la glace de manière convaincante avec ce premier roman.

— 24h Montréal


Un premier roman, très fort […] et une étude psychologique sur le tréfonds de l’âme humaine. 

— Culturehebdo.com


Et soudain Maureen raconte avec justesse la complexité de l’ordinaire. […] Un premier roman brillamment composé. Marianne L’Espérance présente avec tact le drame québécois d’aujourd’hui, celui d’être pris dans une marée d’automobiles et de gazons fraîchement coupés, mais aussi et surtout celui de la quête de notre reflet, à savoir si nous serons vus, enfin.

— Myriam Beauséjour, Bain Public Culturel


Et soudain Maureen fait partie de la sélection des “12 romans pour décrocher” du magazine Coup de Pouce de décembre 2020.


La petite municipalité fictive de Salaberry, imaginée par Marianne L’Espérance dans son premier roman, est presque un personnage du récit. On se rend vite compte que l’endroit sans éclat est bien plus qu’un simple décor où sont plantés les personnages. Il habite l’histoire... et la narratrice. […] Fine observatrice, Marianne L’Espérance défile son histoire avec moult descriptions des lieux, des événements, des personnages.

— Karine Tremblay, Le Droit


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MARIANNE L’ESPÉRANCE

Marianne L’Espérance est née à Sherbrooke en 1990. Elle détient une maîtrise en création littéraire de l’Université de Sherbrooke. Depuis 2014, elle enseigne le français au secondaire. Et soudain Maureen est son premier roman.

Photo : Anne-Marie Baribeau.

Roman / Prix indicatif : 27,95 $

272 pages environ / 14 x 21,6 cm / ISBN : 978-2-7609-4842-6

En librairie le 16 septembre 2020

Également disponible au format numérique - ePub