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Pour la première fois, ce n’est pas un roman que nous livre David Homel mais un récit, à mi-chemin entre autobiographie et réflexion sur la sénescence – perçue ou réelle – de nos corps.

Débutant sur une expérience personnelle pour le moins singulière, ce livre s’ouvre au milieu des années 70, alors que l’auteur, tout juste sorti de l’adolescence, parvient, en exploitant une zone grise du droit américain, à éviter la conscription qui devait l’envoyer comme des milliers d’autres se battre au Vietnam. Un programme spécial lui permet plutôt de poursuivre ses études en France d’où, en compagnie d’amis venus le rejoindre, il planifie, dans la tradition de l’époque, une expédition en voiture jusqu’à Tanger. Le voyage s’arrêtera brutalement dans le sud de l’Espagne lorsque, une nuit, il tombe dans un ravin. Brisé dans tous les sens du terme, il est d’abord conduit dans un hôpital local, où il fait face à l’hostilité de l’Espagne franquiste. Parvenant de justesse à s’arracher au triste sort qui se dessinait devant lui, il trouve asile à l’hôpital d’une base navale américaine en territoire espagnol, chez ceux-là même donc qu’il avait fui au départ. Mais ce n’est qu’à la suite de son solitaire séjour dans cette austère institution – qui l’aura au passage laissé dépendant aux opioïdes – que sa véritable convalescence débutera, bien plus longue et douloureuse que ce qu’il aurait pu imaginer.

L’auteur poursuit en relatant sa prise de conscience de la nécessité de se reconstruire – corps et esprit –, nous offrant une réflexion sur son exploration des moyens d’y parvenir ainsi que, plus généralement, sur notre perception du vieillissement et les impacts, notamment sur l’être désirant, de cette ultime « maladie » dont il nous faudrait absolument guérir. Narré avec le ton et la verve homélienne habituels, riche en anecdotes, en digressions et en remarques sur les travers de la société actuelle et passée, ce court livre est sans conteste le plus personnel de David Homel, et celui dans lequel se déploie en toute lucidité la pleine maturité de l’auteur.

 

CAPSULE ÉCLAIR DU SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL 2020

 

ALBUM PHOTO

 

QUESTIONS & RÉPONSES

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Pourquoi ce livre?

J'ai toujours voulu aborder cet événement, appelons-le « l'accident", sans savoir vraiment sous quel angle. Il est resté là, latent, rien d’autre qu’une bonne histoire à raconter après quelques bières à la taverne, mais n’avait rien à voir avec l'écriture. Jusqu’au jour où j'ai compris qu’il était lié à mon travail corporel et mental sur le vieillissement, ma "rehab" quotidienne. À partir de ce moment, c'était parti, avec un certain optimisme.

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Votre texte est-il autobiographique?

Entièrement. En écrivant certains épisodes, le combat mené contre les drogues ou ma solitude de jeune infirme à Paris par exemple, je me demandais comment j'ai survécu à tout ça. Cela m’a amené à comprendre certaines choses sur le goût du risque notamment, que j'ai encore, et qui est essentiel aux écrivains. Pour mes recherches sur Éros et Mélancolie, j’ai bien sûr, en bon journaliste, modifié l'identité de mes sources.

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Comment vous est venu le titre?

Il est le fruit d’une réflexion collective, avec Jean-Marie Jot d’abord, mon traducteur, et un ami écrivain, Martin Winkler. Il fait référence au moment de l'accident où il n'y a soudain plus rien sous mes pieds à part le vide. J'ai l'impression de vivre comme ça depuis quelque temps déjà: le vide sous mes pas. Je suis bien content de ce titre.

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Ou situeriez-vous ce livre dans votre parcours d’écrivain?

Le documentaire a toujours été un centre d’intérêt pour moi. J'ai été journaliste à La Presse, j'ai fait des reportages dans les Balkans pendant les bombardements de l'OTAN et la chute de Milosevic. J'ai réalisé des films documentaires. La réalité m’intéresse; c'est avec enthousiasme que j'ai entrepris des recherches sur les drogues que j'ai ingérées sans le savoir, sur le clou de Küntscher, toutes ces choses qui sont en moi, physiquement, et dont l’existence tangible m'échappait. Ce livre est une sorte de radiographie personnelle, venue s’insérer dans mon travail d’écrivain à un moment où j’éprouvais une certaine lassitude face à la fiction.

 

 EXTRAIT

« Nous trouvâmes finalement un endroit plus large au bord de la chaussée où nous pûmes laisser la voiture et partir à pied en quête de notre abri pour la nuit. Je marchai en tête de la bande, désireux de me distancer de Phil, de Chuck, et de notre incapacité, tous autant que nous étions, à distinguer ce qui séparait expérimentation et engagement, voire à admettre l’existence même d’une telle différence. D’un seul coup, il s’est précipité tête la première dans les taillis. Presque cinquante ans plus tard, Phillip m’a montré la lettre qu’il avait écrite à sa mère en lui décrivant l’accident. La lecture de cette phrase a eu pour moi l’effet d’une révélation désagréable : ce qui s’était passé n’avait peut-être rien eu d’accidentel ; il s’était peut-être agi d’une de ces circonstances dans lesquelles on se retrouve lorsqu’on est en proie à l’inconnu.
J’ai fait un pas devant moi et n’ai rencontré que le vide. C’était la première fois que cela se produisait. On s’attend lorsqu’on marche à ce qu’une surface raisonnablement fiable et solide se matérialise sous nos pieds. J’ai d’abord cru que j’avais trébuché sur une petite saillie, que ce faux pas ressemblait à un saut de quelques marches depuis l’escalier d’une véranda. Il me suffisait de plier les genoux, de toucher le sol, et de rouler vers l’avant en me protégeant des mains ; au pire allais-je en être quitte pour quelques égratignures. Très vite, je me suis rendu compte que rien de tout cela ne s’était passé. La situation était beaucoup plus sérieuse. Je revis en un éclair la bande dessinée où Snoopy proteste : « Je suis bien trop MOI pour mourir ! » La Terre ne pouvait pas continuer à tourner sans moi puisque j’en étais le centre même, mais cette affirmation que je proférai à mon tour ne donna aucun résultat. La philosophie de Charles Schulz ne m’était d’aucun secours et je devais me préparer. Ce qui arrivait relevait non seulement de ce que je ne pouvais accepter, mais aussi de ce que je ne pouvais concevoir. Je vérifiai la position de mon corps dans l’espace. Il fallait que j’atterrisse sur les pieds et non sur la tête. Je pliai les genoux en essayant de rester aussi souple que possible. Je tendis les bras devant moi à la recherche d’un quelconque équilibre. Le nombre de choses auxquelles on peut penser en un laps de temps aussi court est étonnant. »
 

PRESSE


Le vide sous mes pas — qui est le vide sous nos pas à tous, au fond — devient ainsi un plaidoyer pour la beauté et pour l’amour, et contre le renoncement. Et à cette époque où le jeunisme à tout cran domine, la voix de l’auteur est une voix de sagesse (un peu) et d’expérience (beaucoup), qui ne peut qu’éclairer notre parcours.

— Josée Lapointe, La Presse


Loin d’être un livre de recettes bien-être en concordance avec le combat quotidien que mène la société contre le vieillissement, Le vide sous mes pas prend plutôt la forme d’une chronique philosophique sur le potentiel aussi sublime que destructeur que recèle l’âge pour la souplesse du cœur et de l’esprit.

— Anne-Frédérique Hébert Dolbec, Le Devoir


Ça va intéresser beaucoup beaucoup de gens. C’est un récit écrit par un romancier qui sait comment nous capter, nous faire rire et nous permettre de le suivre et de l’accompagner dans le fil conducteur proposé.

— Claude Bernatchez, Première heure / Radio-Canada


C’est son long parcours vers le rétablissement qu’il raconte avec lucidité, humour et une douce compassion pour lui-même dans Le vide sous mes pas. […] Homel propose une redéfinition du vieillissement. Le vide sous mes pas prend ainsi une tournure étonnante en abordant la sexualité de la personne vieillissante.

— Sarah-Émilie Nault, Le Journal de Montréal


Sous sa plume alerte, à la fois ciselée et terre- à-terre, cette confession vibre d’un attrait particulier, celui de notre empathie. En plus, ça se dévore tout seul.

★★★½

— Éric Moreault, Le Soleil


C’est un formidable livre sur le courage et le triomphe de la volonté.  Que nous recommandons à ceux qui se plaignent du moindre petit bobo.

— Culturehebdo.com


Sous sa plume alerte, à la fois ciselée et terre-à-terre, cette confession vibre d’un attrait particulier, celui de notre empathie.

— Éric Moreault, Le Soleil


Le vide sous mes pas fait partie du meilleur des livres en 2020 du journal Le Soleil.


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DAVID HOMEL

Né à Chicago en 1952, David Homel vit à Montréal depuis plus de trente-cinq ans. Comme journaliste, il collabora régulièrement à diverses publications. Il a connu un accueil critique extrêmement favorable pour son précédent roman Portrait d’un homme sur les décombres, dont la version originale anglaise, The Teardown, a remporté en 2019 le prix Paragraphe Hugh MacLennan décerné par la Quebec Writers’ Federation.

Photo : Marina Vulicevic.

Roman / Prix indicatif : 27,95 $

296 pages environ / 14 x 21,6 cm / ISBN : 978-2-7609-4837-2

En librairie le 16 septembre 2020

 Également disponible au format numérique - ePub