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L’empire américain, malgré les crises successives qui le secouent, depuis les attentats terroristes aux procédures de destitution en passant par les émeutes raciales, est loin d’être sur son déclin. Il est plutôt en train d’accroître son pouvoir sur le monde, et ce, d’autant plus aisément qu’il travaille à sa propre dématérialisation, qu’il s’investit – chose inédite – dans l’ordre invisible, qui est celui de la pensée, du désir, de l’imagination. En effet, cet empire ne domine plus tant par la force encore immense de ses armées et de son économie que par sa culture qui nous la masque et qui a été intériorisée par tous, y compris par ceux qui se disent ses adversaires. Il domine par le pouvoir des images et des discours, des histoires et des rêves qu’il dispense, et plus encore, par le pouvoir des innombrables réseaux qu’il déploie sur le monde comme autant de filets (ou de webs) qui l’enserrent et le retiennent, le nourrissent et le traversent.

L’empire invisible est la démonstration de cette vérité énoncée par Kafka, à savoir « qu’on ne peut pas briser des chaînes quand il n’y en a pas de visibles ». Le mérite de cet essai est précisément de nous rendre visibles ces chaînes. Il ne s’agit plus de savoir s’il faut embrasser l’américanité ou la refuser, comme si nous avions encore le choix, mais de prendre la mesure de l’influence que l’empire exerce sur nos vies, de reconnaître que nous entretenons avec lui une relation vitale, qui déploie la « matrice » qui fait de nous ce que nous sommes.

 

CAPSULE ÉCLAIR DU SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL 2020

 

PRÉSENTATION DE L’EMPIRE INVISIBLE PAR MATHIEU BÉLISLE

 

QUESTIONS & RÉPONSES

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Pourquoi cet essai?

J’ai écrit cet essai pour essayer de résoudre une immense contradiction que j’observe, au Québec comme ailleurs : nous parlons couramment du déclin de l’empire américain, et même, depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, de sa décadence, alors même que nous sommes plus Américains que jamais, que nous suivons son actualité avec une attention renouvelée, que ses débats politiques nous intéressent souvent davantage que les nôtres, que nous sommes fascinés par cela même qui nous répugne (l’argent, le pouvoir, la violence), que nous consommons sa culture à un niveau probablement jamais vu, grâce aux extraordinaires moyens de diffusion dont l’empire dispose (je pense bien sûr au GAFAM et à ses clones), et qui mettent en péril tout ce que le monde compte de culture et de marché locaux. Je pense que l’Amérique n’est pas en déclin, qu’elle est plutôt en métamorphose. C’est la part la moins visible de son pouvoir qui m’intéresse, le fait qu’elle est en train de s’établir au plus près de notre pensée et de notre imagination jusqu’à ne plus devoir être vue. Dans les faits, nous assistons à une délocalisation de l’identité américaine : désormais, nous n’avons plus besoin d’aller en Amérique pour devenir américain : c’est elle qui vient à nous, que nous le voulions ou pas.

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Où situeriez-vous L’empire invisible dans votre parcours d’écrivain?

L’empire invisible n’est pas pour autant un réquisitoire anti-américain, une énième lamentation d’intellectuel au sujet de l’américanisation de nos mœurs et de notre pensée, comme on en trouve à droite. Mon approche est plus subtile, plus nuancée, à l’image de celle qui a guidé l’écriture de Bienvenue au pays de la vie ordinaire, mon livre précédent. J’essaie de trouver le juste milieu entre l’ironie et la critique d’un côté, et la bienveillance et l’humanité de l’autre. Ce n’est pas aux Américains – je veux dire : aux personnes que nous connaissons et fréquentons – que je m’en prends, mais à un système, à une logique qui les dépassent complètement. Il se trouve que j’admire des écrivains, des artistes, des penseurs américains, que j’ai étudié aux États-Unis, et que j’aurais pu moi-même, en vertu d’un moment de bifurcation qui a défini le destin de ma famille (et dont je parle à la fin de mon livre), être un Américain. C’est pourquoi il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’empire, la question est inutile, et même piégée d’avance, mais bien de voir jusqu’à quel degré de profondeur nous allons en assimiler les « qualités ».

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Comment vous est venu le titre?

Le titre est venu très rapidement, au cours de l’écriture d’un long chapitre sur les attentats du 11 septembre 2001 pendant l’été 2019, attentats dans lesquels je vois une puissante métaphore de ce que la société américaine et les autres sociétés occidentales sont devenues. Nous avons vécu l’effondrement des tours jumelles dans nos consciences. Les deux tours tombées ont été remplacées par une seule, encore plus grande et plus belle, comme pour signifier notre entrée dans un monde unipolaire, sans alternative. Ce que nous appelons la « polarisation » s’apparente en fait de plus en plus à une diabolisation : il ne s’agit plus de persuader son adversaire, de juger de la valeur de ses idées, mais de le haïr, et même de le détruire.

Après avoir terminé l’écriture de cet essai, je me suis rendu compte, par hasard, que dans Bienvenue au pays de la vie ordinaire, j’avais déjà employé la formule « empire invisible » pour décrire l’Amérique! Comme quoi ce deuxième livre, comme la pomme de l’arbre, n’est pas tombé très loin du premier, qu’il en constitue le prolongement presque naturel.

 

 EXTRAIT

« Alors que pendant des siècles l’Amérique était demeurée dans l’esprit du monde une terre exotique, une sorte de paradis perdu, qu’il avait fallu, pour devenir Américain, s’établir en Amérique, que chaque immigrant avait dû, en vivant l’épreuve du déracinement, de la traversée de l’océan et de l’entrée sur le continent, renoncer à sa terre et à sa mémoire pour renaître dans le Nouveau Monde, la migration devient désormais chaque jour de plus en plus facultative. Ce n’est plus nous qui avons besoin d’aller vers l’Amérique, c’est l’Amérique qui vient à nous, que nous le voulions ou pas. L’Amérique n’est plus une terre lointaine et étrangère à laquelle nous pouvons accéder au prix de sacrifices immenses ; c’est désormais la chose la mieux partagée du monde, notre bien commun, accessible de partout, où que nous nous trouvions. Inutile de la chercher, elle est déjà là, à portée de main.
La conséquence la plus spectaculaire du déploiement de l’empire invisible auquel nous assistons est qu’il est en voie de délocaliser l’identité américaine, d’offrir à chacun la possibilité de devenir Américain à distance, de vivre, sentir et penser en Américain, sans devoir sortir de chez lui, tout cela sans même une pensée pour ce qui se trouve ainsi condamné à disparaître. Chacun de nous continue de croire qu’il peut décider pour lui-même, qu’il est libre de ses choix, qu’il répond à ses propres désirs. Mais il faut bien voir que même quand notre participation est réclamée, même quand il s’agit d’exercer notre liberté, ce n’est jamais qu’à titre de clients ou de consommateurs que nous sommes appelés à le faire, dans la position de ceux qui reçoivent des services et consomment des produits, et non pas du côté de ceux qui les conçoivent – ou alors si peu : il faut supplier ces géants pour qu’ils daignent reconnaître notre existence, qu’ils consentent à héberger un peu de contenu « local ». Autrement dit, si nous devenons chaque jour un peu plus américains, c’est essentiellement sur le mode passif, moins pour goûter de nouvelles possibilités d’existence que pour trouver de nouvelles occasions de dérive et de désertion. »
 

PRESSE


C'est VRAIMENT intéressant. Garrochez-vous!

— Marilyse Hamelin


Un essai lumineux, très personnel et pertinent, où il explique que ce n’est pas à un déclin que nous assistons, mais à une MÉTAMORPHOSE. Cours réserver ton exemplaire, il servira beaucoup à alimenter la réflexion, ces prochaines semaines/années…

— Marie-France Bazzo


Un super essai, très touffu et très intéressant. […] C’est tellement le fun à lire!

— Marjorie Champagne, Québec réveille ! / CKIA FM


Au-delà de la pertinence des idées qu’il fouille, c’est sans doute par son style que Mathieu Bélisle se distingue le plus en tant qu’essayiste-écrivain. Intellectuel omnivore, lecteur clairvoyant, cinéphile perspicace, le professeur de littérature au Collège Jean-de-Brébeuf s’abreuve à toutes les sources (de la culture la plus savante à la plus populaire), s’autorise à citer saint Paul dans la page de gauche et Quentin Tarantino dans celle de droite. L’empire invisible contient d’ailleurs une des analyses les plus originales, et éblouissantes, de son plus récent film, Once Upon a Time in… Hollywood.

— Dominic Tardif, Le Devoir


Intéressante analyse […] qui a le mérite de jeter un éclairage original sur le non-déclin de l’empire américain.

— Jacques Lanctôt, Le Journal de Montréal


N’hésitant pas à dégainer des anecdotes personnelles, faisant preuve de la véritable modestie du lecteur – celle même qu’on rencontrait déjà dans son précédent essai – Mathieu Bélisle poursuit une œuvre d’essayiste forte, lucide, rarement ironique, presque jamais moqueuse. L’écriture captive, les lieux communs, visités avec audace, sont sinon renversés, du moins jetés dans une neuve atmosphère. L’universel reportage que Mallarmé utilisait comme repoussoir, Bélisle l’embrasse, et il travaille, très honnêtement il me semble – et on aurait tort de voir dans cette honnêteté une manière d’en mitiger la qualité et la force – à en faire une œuvre de réflexion enthousiasmante.

— David Bélanger, Magazine Spirale


 
Capture d’écran du compte Facebook de François Legault, premier ministre du Québec.

Capture d’écran du compte Facebook de François Legault, premier ministre du Québec.


Un essai remarquable.

— Antoine Robitaille, QUB Radio


Contrairement au cinéaste Denys Arcand, Mathieu Bélisle ne croit pas que l’empire américain soit en déclin, il serait plutôt en train de se métamorphoser. Il en fait une brillante démonstration dans son second essai, L’empire invisible. […] En puisant dans l’histoire et dans la culture populaire, Mathieu Bélisle illustre avec brio comment cet empire invisible influence nos vies, notre rapport au monde, notre mémoire, notre culture. 

— Nathalie Collard, La Presse

 

L’empire invisible, un ouvrage remarquable où l’ami Mathieu, au moyen de fulgurances incroyables, raconte que les États-Unis ne perdent pas de leur influence, mais qu’au contraire celle-ci nous pénètre, nous enveloppe de manière fluide et inévitable.

— Marie-France Bazzo, L’actualité


Il faut acheter ce livre. Qui d’ailleurs à déjà une belle carrière. C’est un livre qui pourrait être promis à plus que ça. […] Et en plus c’est très bien écrit.

— Serge Bouchard, C’est fou… / Radio-Canada


C’est vraiment un essai super intéressant. Mathieu Bélisle a une super belle plume, ça se lit bien.

— Nathalie Petrowski, Pénélope / Radio-Canada


213 pages de pur plaisir !

— Michel Nadeau, Samedi et rien d'autre / Radio-Canada


Un essai puissant.

— Antoine Robitaille, TVA Nouvelles


J’ai beaucoup beaucoup aimé votre essai. […] Je veux que les gens aillent lire L’empire invible!

— Fred Savard, La balado de Fred Savard


Mathieu Bélisle signe l’un des meilleurs essais québécois de l’année. […] Un livre stimulant dans un climat qui l’est beaucoup moins.

— Jérôme Blanchet-Gravel, Le Verbe


Dans son passionnant essai L’empire invisible. Essai sur la métamorphose de l’Amérique, chez Leméac, le professeur de littérature Mathieu Bélisle propose une sorte de balade au cœur de la mythologie étasunienne avec cette particularité de le faire à partir d’un « moi » bien québécois.

— Revue Collections


C’est vraiment dans la grande tradition des essais québécois, je pense que c’est un bon exemple de ce qui se fait encore aujourd’hui.

— Fred Savard, Cette année là / Télé-Québec


C’est très bon!

— Olivier Niquet, La soirée est (encore) jeune / Radio-Canada


Avec beaucoup d’originalité, Mathieu Bélisle nous propose une vision, étayée de plusieurs exemples des événements du 21e siècle, de cette mutation de l’Amérique.

— Marie-Hélène Therrien, Autour de l’île


Dans son passionnant essai L’empire invisible. Essai sur la métamorphose de l’Amérique, chez Leméac, le professeur de littérature MATHIEU BÉLISLE propose une sorte de balade au cœur de la mythologie étasunienne avec cette particularité de le faire à partir d’un « moi » bien québécois. […] Particulièrement éclairant.

— Collections


Un essai assez libre finalement avec un point central : la métamorphose de la domination américaine sur la planète. Ouvrage bien documenté.

— Daniel Gomez, L'Action nationale


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ATHIEU BÉLISLE

Mathieu Bélisle est essayiste, chroniqueur et professeur de littérature au Collège Jean-de-Brébeuf. Il a publié Bienvenue au pays de la vie ordinaire (Leméac, 2017), qui a reçu un accueil unanimement favorable.

Photo : Hugo Lefort.

Essai / Collection « Phares » / Prix indicatif : 24,95 $

232 pages environ / 14 x 21,6 cm / ISBN : 978-2-7609-9471-3

En librairie le 7 octobre 2020

Également disponible au format numérique - ePub