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À travers seize courts textes, écrits sur le ton parfois léger parfois caustique de la fable, Léo Rosshandler convie le lecteur à emprunter le chemin de plusieurs vies – chemins de traverse et chemins de détour –, une voie qui sinue à l’envi pour mieux guider le croisement implacable des destins.

Chez Rosshandler, le bon Dieu doit subir son procès, le temps peut disparaître, on cause sa perte en tentant d’exister, et la noirceur sert à mieux éclairer… Comme un Kafka qui aurait gardé le sourire aux lèvres, c’est le cœur de l’Homme que nous révèle cet écrivain dont l’humour grinçant, un brin acidulé, force doucement la porte du sourire…

Édition bilingue français – allemand.

 

PRÉSENTATION DU LIVRE


LES CHEMINS DE LÉO

« Quand j’écris, je raconte 

de manière indirecte,

 comme je peins

 de manière indirecte. »

  

Les décès rapprochés de Léo Rosshandler, ce printemps, et de son épouse Andrée Tessier, il y a quelques jours, n’ont rien de fortuit. Les amants s’étaient donné rendez-vous ailleurs, dans l’alliance supérieure des vivants et des morts. 

Tous deux étaient bien connus et appréciés de la communauté des arts de Montréal ; leur départ nous attriste certes, même si nous les savons maintenant ensemble pour toujours. C’étaient des amis au sens noble du terme : accueillants, attentifs, généreux, le cœur sur la main. Ils nous manquent, nous manqueront, mais leur souvenir demeure, demeurera. Intact fervent lumineux.

En 2009, les Éditions du Silence avaient publié un premier recueil des fables de l’ami Léo, intitulé Via Vitae. Une production toute artisanale, un tirage limité, signé et numéroté, joyeusement lancé à la résidence du consul d’Allemagne à Montréal. L’aventure d’écrire lui avait tellement plu que d’autres textes avaient suivi, au fil des ans ; ceux-ci constituent l’essentiel du recueil que nous publions cet automne sous le titre Les chemins de la vie, en écho direct à Via Vitae. Les fables, voilà bien le genre privilégié de Léo : un espace narratif et métaphorique hors du temps, où sa plume vive et caustique, ironique et tendre, évoluait en toute liberté. Comme dans Via Vitae, les textes sont livrés en français et dans cet allemand rocailleux, souvent fantaisiste, volontiers archaïque, qui faisait râler ses traducteurs-réviseurs Marie-Elisabeth Morf et Louis Bouchard.

Ces « chemins de la vie », ce sont ceux que Léo a empruntés pour lui-même et pour d’autres. Né en Hollande, il a grandi en Allemagne et en Belgique. Les aléas de la vie de sa famille l’ont ensuite promené en France, puis à Cuba, au Mexique, à la Nouvelle-Orléans, à New York et enfin à Montréal. Il a été polisseur de diamants, traducteur et reporter pour l’Agence France Presse de Mexico, étudiant en art à Mexico, goûteur et expert en matière de café, peintre muraliste et conservateur pour une importante exposition sur l’art latino-américain, ce qui l’a amené à Montréal en 1968, où il est devenu vice-directeur du Musée des beaux-arts. Il a par la suite développé la collection Lavalin jusqu’à la fin des années 1980.

Passionné des langues, il en aura pratiqué plusieurs : allemand, français, néerlandais, espagnol, anglais, yiddish… Les vingt dernières années de sa vie, il aura poursuivi assidûment son apprentissage du chinois. 

Pierre Filion

20 octobre 2020


 

 EXTRAIT

Paroles d’un sage : « Éloge du savoir, Éloge des sciences, Éloge de la raison, Éloge de la pensée, Éloge de la folie, Éloge de la Foi, Éloge de la bonne guerre, Éloge des patriotes, Éloge de la paix... Éloge du bien, Éloge du don, Éloge du travail, Éloge du repos, Éloge de la force, Éloge de l’amour, Éloge de la fécondité. On n’en finit pas d’Éloges écrits ou proclamés. Les faits cependant démontrent qu’ils n’ont nul effet sur la marche de l’histoire et ce, depuis la nuit des temps. L’heure ne serait-elle pas venue de tout simplement leur tourner le dos et de passer à autre chose, si autre chose il y a ? »
Ces paroles sont du philosophe grec Némosthène du quatrième siècle d’avant l’ère commune. Il les aurait prononcées à l’Agora d’Athènes lors des funérailles d’un hoplite mort au combat contre les Perses.
Némosthène fut promptement accusé d’avoir outragé les normes et, par surcroît, perturbé la paix des âmes. Il encourut la peine d’ostracisme. Chassé de la ville, il prit refuge à l’île de Malte où il passa le reste de sa vie. On ignore la date du décès. Par un heureux hasard, ses paroles survécurent dans un vieux parchemin gardé à la mosquée de Cordoue.
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LÉO ROSSHANDLER

Léo Rosshandler est né en 1922 à Amsterdam. Il s’est principalement fait connaître dans ses fonctions de directeur adjoint du Musée des beaux-arts de Montréal (1968-1976) et de directeur de la Collection Lavalin (1977-1989). Au cours des années 1990, il a décidé́ de reprendre ses activités de peintre entamées au Mexique dans les années 1950. Il a notamment exposé ses œuvres à la Maison de la culture Mont-Royal, à la galerie d’art d’Outremont, ainsi qu’à la galerie Han Art. Il est décédé en mai 2020 à Montréal, à l’âge de 98 ans.

Photo : Alicia Lorente.

Fables / Prix indicatif : 15,95 $

152 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / ISBN : 978-2-7609-4847-1

En librairie le 21 octobre 2020

Également disponible au format numérique - ePub