Le personnage de cette fable entretient avec le réel et les êtres qu’il aime des rapports incertains, parfois difficiles, souvent rageurs. Ado et jeune homme, il aura joué le jeu de l’amour sans trop y croire, mais tout en voulant bien y croire. Plus vieux, avec des compagnes tenaces et lucides, il tentera encore de faire le bout de chemin nécessaire malgré l’artifice actuel des conventions affectives.

 PRÉSENTATION

L’amour, donc, avec ce que ça implique d’engagement, de secrets et de partage. Mais impossible pour cet homme de résister, six mois par année, à l’appel du grand air – il travaille comme guide de chasse sur l’île d’Anticosti, puis sur l’île aux Naufrages, là où l’eau du fleuve devient salée. À l’appel cruel, aussi, des bêtes qui meurent – cerfs, et oies en grand nombre –, dans un cérémonial de sacrifice millénaire. À l’appel, surtout, de ses fidèles chiens, ses confidents ; modèles, en quelque sorte, de sa nature première, animale. Dans des situations tour à tour urbaines et insulaires, au Sud comme au Nord, les forces de création et de destruction, de vie et de mort, d’union et de rupture se chamaillent en lui, sans jamais s’apaiser. Avec comme ligne d’horizon la fin du monde annoncée d’une planète inquiète.

Or la fille d’un vieux garde-chasse, rencontrée aux funérailles de ce dernier, pourrait bien raccorder l’avenir brisé de ses sentiments et réconcilier les pulsions contradictoires qui torpillent ses ferveurs. Écologiste militante, femme de tête et de cœur, cette Marie serait-elle – après Élisabeth et Clara Sauvage – l’issue dont on rêve tous ? L’amour n’est jamais simple, et celui-là, pas simple du tout, alors que Marie perd la fragile attache de sa conscience au monde…

Découvrez ici Marc Séguin qui vous présente son livre en vidéo.


EXTRAIT

« D’aussi loin qu’il se rappelle il avait souhaité la fin du monde. Le premier souvenir remontait à ses quatre ans : un village construit avec du sable, de la terre, des cailloux et de l’eau, sous le seul arbre de la cour – un érable argenté. Une communauté de petites maisons en carton ou en écorce, de routes tracées avec ses mains, de voitures miniatures Hot Wheels et Matchbox, de figurines humaines et d’animaux en plastique. Une feuille d’arbre dressée en voile de bateau. Une abeille morte comme professeure, une araignée écrasée comme amie ; les « hélicoptères » – en réalité des samares tombées de l’arbre – devenaient des canons d’artillerie, un criquet séché devenait un fantôme dans une maison hantée. Aucune échelle n’avait été respectée : un soldat était plus grand qu’une maison. Des silhouettes récupérées ici et là, sans lien apparent. Toutes avaient un nom et une histoire à raconter, si on lui demandait. La statuette du chien, sa préférée, venait du jeu Monopoly. Un matin d’octobre – l’enfant sentait les jours raccourcir et refroidir – où les feuilles avaient tardé à tomber, il avait étiré le boyau d’arrosage et pulvérisé la petite ville et ses habitants en quelques secondes. Puis il avait donné trois coups de pied nonchalants sur ce qui était resté trop ordonné à son goût. Il avait passé plusieurs jours depuis le début de l’automne à construire une ville et un monde imaginaires, et à les couvrir d’une bâche les jours de pluie. La mère s’était attendrie de voir son fils ainsi affairé et concentré. « Il s’amuse avec rien, cet enfant-là », elle répétait à tous ceux qui croisaient le garçon, heureuse et fière comme une mère normale.
Lui, l’enfant, pourtant si heureux d’avoir construit cet univers, n’avait pas soupçonné l’euphorie qu’allait lui causer sa destruction. Il s’était surpris de l’effet. Même à cet âge. »
— Une homme et ses chiens, Marc Séguin

PRESSE

Je fais partie d’une génération où on a commencé à parler de la fin du monde, où chaque jour est foudroyé d’une alarme écologique, où cette fin est devenue notre seule autorité. Je me posais la question : qu’est-ce qui arrive à l’amour, cet état qui représente l’infinitude, quand on sait que ça va finir ?

— Entrevue avec Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, Le Devoir

Je sais que je vais frôler des choses importantes ou difficiles. Le personnage est un peu difficile à aimer, mais mon défi c’est d’emmener les gens ailleurs, de les bouleverser un peu et en même temps, de les prendre au piège.

— Entrevue avec Marie-France Bornais, Le Journal de Québec

Il y a une force de vie intense dans cette fable où le narrateur, au fil des rencontres et des saisons, doit briser un cycle qui se répète, un genre de pattern, pour avancer.

— Marie-France Bornais, Le Journal de Québec

Il y a un lien très apaisant avec le rapport au territoire.

— Entrevue avec Philippe-Vincent Foisy, Qub Radio

« Est-ce que l'amour est possible ? Peut-on encore y rêver quand on se fait dire que [la Terre] va s'éteindre depuis trois décennies ? » Marc Séguin explore ces questions dans son tout dernier roman, Un homme et ses chiens. L'artiste multidisciplinaire propose une fable où l'amour tente de trouver sa place dans un monde qui fonce droit vers un mur.

— Émilie Perreault, Il restera toujours la culture

Je questionne beaucoup le projet humain. Dans un roman, on peut se permettre de questionner la société dans laquelle on vit.

— Entrevue avec Marie-Louise Arsenault, Tout peut arriver

Ce sixième roman (…) met en récit la difficulté d’aimer d’un narrateur pour qui il est « impossible de résister, six mois par année, à l’appel du grand air » ainsi qu’à celui, « cruel, des bêtes qui meurent ».

— Dominic Tardif, La Presse

Des pages admirables s'inscrivent dans ce livre débordant d'amours idéales.

— Dominique Blondeau

Ce livre remet en question un modèle imposé de l’amour, où toutes les relations semblent issues du même moule.

— Entrevue avec Julie Roy, L’Actualité

La trame narrative et les péripéties d’Un homme et ses chiens m’ont chaviré par leur puissance évocatrice. Sans oublier la littérarité qui fait de ce livre une oeuvre complexe aux multiples variations langagières et stylistiques. Je considère ce livre comme un immense privilège qui nous est accordé.

— Jean-François Crépeau, Le Canada français

Marc Séguin nous présente le portrait tout en nuances d’un homme qui s’inscrit en rupture de la société.

— Éric Chouan, Mission encre noire

Un homme et ses chiens est un roman complexe qui ne se limite pas à une seule trajectoire. Il représente bien les êtres humains que Séguin s’amuse à mettre en scène.

— Patrice Sirois, Page par page

Entrevue de Marc Séguin avec Karyne Lefebvre à Dis-moi ce que tu lis.

MARC SÉGUIN

Artiste peintre réputé, chroniqueur, Marc Séguin a aussi réalisé un film de fiction (Stealing Alice, 2016) et un documentaire (La ferme et son État, 2017), et publié des livres remarqués (notamment La foi du braconnier, 2009 ; Hollywood, 2012 ; Nord Alice, 2015 ; et Jenny Sauro, 2020). Son travail d’auteur lui a valu d’être finaliste à de nombreux prix (Grand Prix littéraire Archambault de la relève, Prix des libraires du Québec, Prix littéraires du Gouverneur général du Canada, prix France-Québec) et de remporter le Prix littéraire des collégiens.

Photo : Eliane Excoffier.

Roman / Prix indicatif : 21,95 $

168 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4909-6

En librairie le 12 octobre 2022

Également disponible au format numérique - ePub