Au moment de payer son scotch, il s’est penché vers moi, comme on le fait pour révéler un secret. En route vers Montréal, m’a-t-il confié, Kerouac se serait « accroché les pieds » à Lévis pendant trois jours. J’ai souri. Je connaissais bien cette histoire.

 PRÉSENTATION

De passage à Lévis en 1967, Jack Kerouac se serait lié d’amitié avec la mère de la narratrice. Loin de Montréal et de son Exposition universelle, les protagonistes vivent trois jours de péripéties teintées par une quête d’absolu à une époque où les questions de drogue, de liberté sexuelle et d’avortement font facilement scandale au Québec. Sur fond de confidences tardives, mère et fille réparent au compte-gouttes une relation difficile, allégée par la présence d’un père aimant. Comme le laisse entendre le Kerouac du roman : Les grandes victoires ne se trouvent pas sur les champs de bataille, mais dans les coeurs.


EXTRAIT

Dans un bruit de moteur en surchauffe, semblable au sifflement strident d’une locomotive, une voiture blanche s’immobilise en urgence sur l’accotement de gravelle, devant sa résidence. Un homme en sort et ouvre le capot d’où s’échappe une épaisse fumée. Il roule ses manches de chemise, comme s’il s’apprêtait à opérer un malade.
Habituée aux problèmes mécaniques, Jeanne n’y prête guère attention. Chaque été, des centaines de bolides vrombissent leur vanité dernier cri sur la Transcanadienne, où onze mille kilomètres de bitume se déploient de l’Atlantique au Pacifique, en passant devant sa petite maison. Les dérapages, crevaisons ou collisions abondent, et le bruit de roulement incessant des pneus sur l’asphalte rappelle les vagues du bord de mer. Au cœur de ce désert de tôle et de grands espaces, la radio nationale fait office de communication de survie : Au son du trait prolongé, il sera exactement midi, heure avancée de l’Est.
Au bord de la route, un mince filet de fumée s’échappe toujours du véhicule en panne. Le voyageur referme le capot de sa voiture, puis se laisse choir sur la banquette arrière. Il allume une cigarette et jette un œil vers la maison. Jeanne s’éloigne aussitôt de la fenêtre et baisse le volume de la radio : Les derniers attentats à la bombe revendiqués par le Front de libération du Québec, FLQ, remontent à... Elle ajoute une larme d’alcool dans son verre et au même moment on frappe à la porte. Contrariée, elle hésite à répondre. Une simple moustiquaire la sépare de l’étranger. Elle s’avance et verrouille discrètement la serrure, ce que le touriste remarque. Il retire ses verres fumés.
— Y’a pas d’danger m’dame. J’me charche une chope d’eau. Jesus, it’s hot today. I’m from the States. Chu t’en visite around. Mes parents viennent de par icitte. Chu t’un canayen françâ, moé. Comme vous.
C’est alors qu’elle le reconnaît. Cet homme mal rasé, avec son accent misérable et ses vêtements fripés, accordait une entrevue à la télévision de Radio-Canada, quelques mois plus tôt. Jeanne sent battre son cœur. Devant elle se tient nul autre que Jack Kerouac.
— Trois jours avec Jack, Evelyne Simard-Guay

PRESSE

Sa famille en visite à l’Expo 67, Jeanne savoure sa solitude quand une voiture tombe en panne juste devant chez elle. Le voyageur cogne à sa porte. L’écrivain américain Jack Kerouac, en pèlerinage au pays de ses ancêtres, s'endort dans son canapé après quelques verres de rhum. Les trois prochains jours, au cours desquels elle se liera d’amitié avec le père des beatniks, vont donner un élan de courage à cette triste maîtresse de maison qui rêve de bohème et de littérature, mais qui porte un troisième boulet au ventre. Sans acrimonie, la cadette reniée relate cet épisode surréaliste dans un remarquable premier roman. Fascinant et dérangeant pour ceux qui se réclament toujours des idéaux de Sur la route.

— Magazine Coup de pouce

Ce qui passionne Evelyne Simard-Guay, lorsqu’elle écrit son livre, c’est notamment la «chimie» qui se crée entre ses protagonistes, leur évolution au fil des pages. « [Jeanne et Jack] sont insatisfaits de leur sort. Les deux aiment le rhum. (rires) Ils rêvent. Ils sont en quête d’absolu. Ils devaient se rencontrer », souligne l’autrice qui a lu toute l’œuvre de Kerouac.

— Léa Harvey, Le Soleil

Trois jours avec Jack est un roman sur l’émancipation d’une femme. Sur une liberté retrouvée. Mais, si cette liberté apparaît comme un air nouveau pour la protagoniste, elle ne va pas sans écorcher ses proches. Un livre qui explore avec lucidité l’impossible conciliation des aspirations artistique d’une femme avec les attentes des gens qui l’aiment et qu’elle aime.

— Patrick Bilodeau, Librairie Pantoute


EVELYNE SIMARD-GUAY

Originaire de Lévis, Evelyne Simard-Guay a étudié le cinéma et la création littéraire, et travaillé comme scénariste et réalisatrice. Ses courts-métrages de fiction et ses documentaires ont été sélectionnés dans de nombreux festivals au Québec et à l’étranger. Trois jours avec Jack est son premier roman. 

Photo : Jocelyn Proulx.

Roman / Prix indicatif : 21,95 $

168 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4890-7

En librairie le 2 mars 2022

Également disponible au format numérique - ePub