À travers les quatre essais remplis d’humour et de finesse qui composent ce recueil, David Homel remonte aux sources de sa vocation et esquisse, chemin faisant, un art poétique qui est tout autant un art du souvenir.

Pourquoi devient-on écrivain ? Peut-être moins pour être soi que pour « devenir autre », répond l’auteur. Comme l’artiste de gospel possédé par son chant, les oncles colporteurs de la parole et du silence, les héritiers habités de « cryptolangues » ou le traducteur naviguant entre les idiomes.

Mais ce n’est pas tout, nous confie-t-il : « J’écris pour retrouver ce que j’ai égaré. » À commencer par la chemise de vieux papiers jaunis qui renfermait les poèmes de jeunesse que son père lui a légués et qui se sont mystérieusement volatilisés…

Textes traduits de l’anglais (États-Unis) par Jean-Marie Jot


EXTRAIT

Je me rends compte maintenant que je suis venu à la traduction par désir d’écrire. Puisque je n’ai pas grandi dans le tourbillon franco-anglais du Canada, et que lorsque je fréquentais l’université les programmes de traduction n’existaient pas, je me suis tourné vers cette discipline en y voyant un moyen d’étudier la langue et son usage dans les romans publiés, parce que c’était ce à quoi j’aspirais moi-même.
Au début, et même encore aujourd’hui, je considérais la traduction comme une forme de voyeurisme. Quand on traduit un roman (je parle ici de fiction, car c’est principalement mon domaine, bien qu’il m’arrive de travailler aussi sur des essais), on doit – c’est en fait une « obligation » – se glisser derrière la scène, les décors et les effets spéciaux pour observer les structures mêmes du livre à leur état le plus brut. Bien souvent, le résultat est le suivant : un livre qui se lit bien du point de vue du lecteur peut être pénible à traduire si les phrases ne forment pas
un tout, si aucune logique ne les relie l’une à l’autre, si l’agencement des paragraphes manque de cohérence ou si le rythme est aussi erratique que celui d’un patineur sur glace mal chaussé. Je m’étonne toujours que le lecteur que je suis soit capable de repérer ces écueils, alors que le traducteur en moi s’y échoue. Il m’est arrivé plus d’une fois au cours de ma carrière de tomber sur des livres pleins d’os de ce genre. J’ai depuis appris à évaluer les textes de manière plus critique et avec plus de discernement.
— Tout ce que j'ai perdu, David Homel

DAVID HOMEL

Né à Chicago, David Homel vit à Montréal depuis plus de quarante ans. Écrivain, journaliste et traducteur, il a publié une dizaine de romans, dont Un singe à Moscou et Une maison sans esprits.

Photo : Marina Vulicevic.

Essai / Collection « L’inconvénient » / Prix indicatif : 14,95 $

104 pages environ / 12,7 x 16,8 cm / 978-2-7609-9488-1

En librairie le 13 septembre 2023

Également disponible au format numérique - ePub