“Accident, suicide, meurtre, sortilège, cela demeure sans importance pour ma voix qui respire encore, inquiète, craignant de pires disparitions et perpétuant sa propre torture dans une nuit permanente.
Certaines morts sont des phénomènes strictement privés, d’autres morts relèvent de l’événement social. La mienne flotte entre le passif et l’actif.
Sur le toit de l’ancien 4064 rue Saint-Denis, j’ai conservé l’habitude de soulever des haltères en fixant les aspérités de la ville, avec parfois le bonus cinématographique d’une lune enfumée.
Je ne cultive ma virilité pour personne, la poitrine investie par des entités spartiates et le spectre de Yukio Mishima. En contrepoint avec les hauts et les bas de mon moral, je remue les poids de bas en haut, de haut en bas, comme si je décochais mon corps dans l’universel, puis comme si l’universel me vomissait.
Cependant je sais que ma condition est la chute. Donc je tombe insoumis, j’agrippe ma chute à deux mains pour lui donner la forme de mon désir comprimé en langue, à la mesure du torrent coloré qui m’habite. Ma mort n’aura pas plus d’utilité, pas plus de rayonnement que ma survie, écrivais-je un jour à Borduas. Mourir ainsi, mourir inutilement – sans signification aucune – c’est enrageant. Et continuer de survivre n’embellirait rien, ne signifierait rien.
Ces constats ne m’ont jamais délivré. Ils m’emmurent dans une nocturne perpétuelle.”