Rarement une déclaration de dette aura pris la forme d'un chant aussi puissant: il se déploie tel un opéra de Mozart, alternant gravité et allégresse, car Normand Chaurette est musicien dans chaque cellule de son âme. Et lorsqu'en terminant cet hommage à l'été 2022, il avoue trouver que « c’est long d'attendre, d’attendre après la mort », et se demande « En quel jour vais-je me joindre à mon tour à ceux que j’aime ? », on pleure. On pleure et puis on ramasse la dette de reconnaissance, on remercie Normand Chaurette qui remercie Marie-Claire Blais, et on poursuit la ronde. Le Tombeau est une danse.

Nancy Huston

 PRÉSENTATION

Lorsque, au printemps dernier, nous avons échangé au sujet de notre amie Marie-Claire Blais, disparue le 30 novembre 2021, Normand Chaurette et moi avons évoqué chacun quelques souvenirs émus. Si l’œuvre de cette écrivaine, par ses engagements et ses profondeurs vertigineuses, a marqué les pages les plus modernes et prophétiques de notre littérature, la personne que nous avons côtoyée pendant ses années à Kingsbury, tout près de chez Jovette Marchessault, nous aura permis de mieux la découvrir, peut-être de la connaître un peu, et ce faisant, de mieux éclairer certains enjeux de nos propres vies. Au cours de cette conversation, mesurant l’ampleur de la peine particulière que Normand éprouvait, vive et profonde, viscérale et littéraire, intellectuelle et affective – inconsolable devant le départ de cet ange de la consolation –, je lui ai proposé d’écrire un texte, un tombeau précisément, ce genre d’hommage lyrique en l’honneur d’une personne défunte, d’un·e artiste disparu·e, ici d’une figure tutélaire d’exception. Lors d’un appel début juillet, rituel de sa part entre nos deux anniversaires, Normand m’a informé de l’avancée toute fébrile du texte, du saut périlleux que son écriture avait fait dans un mode lyrique qu’il ne s’était jamais permis auparavant, et du bien considérable que cette liberté nouvelle lui apportait. Première version, encore vacillante, remise le 10 août, puis une seconde, corrigée et resserrée, le 27 août, quatre jours avant son décès, pour le moins inattendu et précipité. Le 31 août, tout avait été dit, tout avait été écrit, le livre de son existence s’est fermé.

Pierre Filion, éditeur


CITATION

Si j’étais le lecteur dont tout écrivain rêve, je voudrais vos livres être mes puits, m’y abreuver en permanence, je m’y coucherais pour dormir sans la sécheresse de nos climatiseurs qui dérèglent le naturel de nos saisons, je serais un animal humain, porté vers l’œuvre, vigilante de nuit, je verrais reculer l’océan, se pointer à bout portant l’entêtement de vivre, et la femme ? Qui serait l’étoile ? Qui serait ma zone incomprise ? Vous seriez l’eau-même.
— Tombeau, Normand Chaurette

PRESSE

Face à la peine incommensurable de Normand Chaurette, l’éditeur Pierre Filion lui proposait dans les semaines suivant la mort de Marie-Claire Blais, en 2021, d’écrire un tombeau, cet éloge en l’honneur d’une personne défunte. Le 27 août 2022, quatre jours avant son propre départ inattendu, l’auteur de Ce qui meurt en dernier soumettait une seconde et ultime version de son hommage à celle qui aura été pour lui une figure tutélaire. « Rarement une déclaration de dette aura pris la forme d’un chant aussi puissant », en dit Nancy Huston.

— Dominic Tardif, La Presse

Un géant de la dramaturgie qui rend hommage à une reine de la littérature. Un souffle lyrique, poétique très puissant qui rappelle celui de Marie-Claire Blais. Un long poème lyrique d’une valeur inestimable.

— Manon Dumais, Pénélope, ICI Première

Quatre jours avant sa propre mort, le 31 août 2022, [Normand Chaurette] remettra à [son] éditeur un grand petit livre de passion, venu d’une admiration sans faille pour [Marie-Claire Blais] que, déjà adolescent, il a mythifiée. ... [un] livre dans un style d’une grande pureté, souvent d’une poésie parfaitement maîtrisée.

— Hugues Corriveau, Le Devoir

Un texte testamentaire d’une grande densité en l’honneur de l’héritage de Marie-Claire Blais.

— Kevin Lambert, Il restera toujours la culture, ICI Première

Une ode à la lecture.

— Michaël Blais, Il restera toujours la culture, ICI Première

Par son ton lyrique, ses phrases amples et sa composition élégiaque, Tombeau rejoint des sphères transcendantes, conjurant la mort comme une bénédiction.

— Laurence Pelletier, Lettres québécoises

NORMAND CHAURETTE

Dramaturge estimé, dont les pièces ont été jouées avec succès ici et à l'étranger, notamment à la Comédie-Française, Normand Chaurette a apporté à la littérature québécoise la voix de sa magnifique étrangeté. Brillant traducteur de Schiller, d'Ibsen, de Wilde, et surtout de Shakespeare, il laisse une œuvre importante et unique qui inscrit le théâtre québécois dans une modernité singulière, audacieuse et atypique.

Photo : D. R.

Récit / Prix indicatif : 16,95 $

72 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / 978-2-7609-4922-5

En librairie le 22 mars 2023

Également disponible au format numérique - ePub