Vers la plumerie du village convergent les désirs de tous âges et de toutes fortunes. Et la plumeuse, qui y œuvre dans un tournoiement d’oies blanches et de sang, a des airs de diablesse ensauvagée, libre de corps et d’âme : sa peau-brasier enflamme les pulsions mammifères, déjoue au sein du monde de Kangoq les sortilèges qui taraudent les saisons des chasses et des amours. Avec ses mains magiciennes, elle soigne les vivants en portant les interdits qu’ils n’osent transgresser. Si chez elle le maire, le médecin, le notaire, le ferblantier, le facteur et surtout Sulfureur viennent payer leur plaisir en espèces ou en fourrures, les femmes y découvrent comment vibrer enfin au diapason de leur sexe.

 PRÉSENTATION

Grandes, exaltantes jouissances et réjouissances, transmissions et rituels à travers trousseaux et mamours des débutantes, le nouveau roman d’Audrée Wilhelmy célèbre des générations de charmeresses habillées dans la dentelle fine des pulsions irrépressibles, millénaires. Peau-de-Sang connaît tous les secrets du monde et nous invite à lire avec elle, mortelle et immortelle, le fil des vies en même temps qu’elle découd le langage des corps.

Il y a plusieurs contes dans ce roman et autant de romans dans ce conte, au point qu’on n’arrive plus à y distinguer l’intuition du rêve : Loup, y es-tu ?

Une ode à la véhémence irréfrénable du féminin.


EXTRAIT

il a posé les yeux sur la vitrine de la plumerie pour s’observer encore ; il aurait poursuivi son chemin si la lumière brusque, à l’intérieur, n’avait pas avalé son propre reflet ; sans le prévoir, Pierre est tombé sur moi et le voilà suspendu, captivé par les dessins rouges qui ornent ma guêpière tandis que je défais un à un les boutons qui retiennent mon linge
– vois comme sa main gigue, dans ses culottes de parvenu
– il se caresse sans grâce
– manque d’habitude
la jupe choit, pesante à mes chevilles, et je l’enjambe les carcasses d’oies valsent au plafond : leur livrée est terne à côté des jupons immaculés que j’échampelle dans la boutique : tout le monde sait que je porte, sous mes guenilles de bouchère, un pays de broderies, bas-reliefs tracés ton sur ton sur des canevas de lin blanc
– tout le monde, non
– petit Pierre, lui, ne savait pas
il découvre la richesse de mes jupons et me baptise en lui-même Peau-de-Sang, un écho à ce conte qu’il lit tous les soirs aux trois fillettes qui l’attendent à la fenêtre de sa maison : les petites collent justement le nez contre les carreaux, leur souffle dégage une vapeur mate qui masque l’avenue : elles attendent leur père en dessinant des pendus sur le verre, tandis qu’enveloppé par la nuit, quelques rues plus bas, il tire son manteau sur ses doigts et astique la vitrine de sa main libre
— peau-de-sang, Audrée Wilhelmy

PRESSE

Au sommet de son art, Audrée Wilhelmy s’approprie avec brio un grand nombre d’images, de personnages et de récits inscrits dans l’imaginaire collectif et livre un récit original qui s’inscrit parfaitement dans la lignée de ses romans précédents, tout en tissant un lien très fort entre le Québec ancestral et celui d’aujourd’hui.

— Manon Dumais, Le Devoir

Dans sa prose imagée et poétique, Audrée Wilhelmy célèbre des générations de charmeresses. Elle nous emmène à la rencontre de Peau-de-Sang, une plumeuse qui - au-delà de ses talents - permet aux femmes de découvrir comment vibrer enfin au diapason de leur sexe.

— Emmanuelle Martinez, Clin d’œil

L’écriture d’Audrée Wilhelmy est libre et son histoire est sans contraintes, métaphorique, poétique et parfois très crue. 

— Marie-France Bornais, Le Journal de Montréal/Québec

Un roman qui donne espoir, en cette période où certains droits des femmes, comme le droit à l’avortement, connaissent un recul politique important: il montre qu’une fois l’émancipation féminine atteinte, ce que les femmes ont acquis ne peut leur être enlevé, ne peut cesser d’être transmis.

— Nathalie Slupik, Bible urbaine

« Je suis quelqu’un qui aime apprendre la mécanique des machines anciennes, des gestes anciens, non pas par souci de préservation de ce savoir, c’est mon corps qui exige et aime ces choses-là, et parce que cela alimente ma manière d’écrire, cela me conduit à une écriture des sens, et plus particulièrement du toucher, du mouvement. »

— Entrevue d’Audrée Wilhelmy, Diacritik.com

… l’écriture d’Audrée Wilhelmy, comme celles de tous les grand(e)s écrivain(e)s, sollicite le recours aux arts des morts et du linge, en témoigne Peau-de-Sang qui, par transfert et sublimation, à mille encablures de l’arsenal démonstratif des idéologues besogneux, contribue au mémorial et à l’espérance.

— Jean-Michel Devésa, Diacritik.com

Ce roman célèbre la féminité et la liberté, la transmission du savoir, il éclaire les choses qui changent, mais surtout qui restent pareilles. Il vous rendra reconnaissant de votre vie au XXIe siècle, mais il vous donnera aussi envie d’enfiler une jupe et un corset, et de vous mettre à l’ouvrage en écoutant le chant des oies.

— Émilie Carpentier, Les Libraires

AUDRÉE WILHELMY

Audrée Wilhelmy est née à Cap-Rouge en 1985. Son œuvre, aussi publiée en France, lui a jusqu’ici valu de remporter le prix Sade 2015 et d’être finaliste à de nombreuses distinctions : Prix littéraire des collégiens, Grand Prix du livre de Montréal, Prix des libraires du Québec, Prix littéraires du Gouverneur général du Canada, prix France-Québec.

Photo : Audrée Wilhelmy.

Roman / Prix indicatif : 24,95 $

204 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4929-4

En librairie le 6 septembre 2023

Également disponible au format numérique - ePub