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Parc-Extension, l’un des quartiers les plus multiethniques de Montréal. Le corps d’une jeune fille en maillot de bain est retrouvé, pendu par son hijab au tremplin de la piscine municipale intérieure. Le sang s’écoule de ses poignets incisés, rougissant l’eau sous elle. Sa longue chevelure noire, déployée, cache en partie son visage. 

Suicide ? Homicide ? Crime d’honneur ? Paul Morel et ses collègues naviguent à l’aveugle dans un monde qui leur est étranger, se heurtant à une communauté repliée sur ses propres codes. Avec l’aide de la détective Josée Fortier, pilier du poste 33 et rompue aux mœurs de son quartier, ils s’aventureront dans une enquête aux ramifications insoupçonnées.

Le multiculturalisme, les accommodements raisonnables et le fanatisme religieux sont au cœur de cette intrigue complexe et pleine d’imprévus.

Simultanément à la parution de Déni, paraitra le nouveau roman de Anna Raymonde Gazaille, Secrets boréals.

 

 EXTRAIT

Ses pieds foulent le tapis de feuilles. Elle les traîne un peu pour que monte le bruissement. L’automne enfin! Elle ne suffoque plus dans son minuscule studio. Dans le parc, les arbres se dénudent lentement des ocres et des rouges. Cette traversée quotidienne entre les grands érables et les frênes calme sa terreur.
La nuit dernière, encore, les cauchemars l’ont tenue éveillée. Elle tentait de sortir de la cave et la terre meuble s’écroulait autour d’elle, pénétrant dans ses yeux et sa bouche. En rampant, son corps nu s’ouvrait un passage. À l’étage, une odeur fade de sang émanait de la boucherie. Elle poussait le soupirail qui basculait et son visage était projeté dans la neige. Tête première, elle se laissait tomber sur la piste creusée par les motoneigistes. Son rêve s’achevait sur cette fuite.
Pourtant, au moment de sa fugue, il y a plusieurs mois de cela, il n’y avait ni cave ni soupirail. La boucherie, oui. Tous les jours devant l’étal de viande à servir le tout-venant. Une année entière, quatre saisons dans ce pays étranger où la morsure de l’hiver vous étreint de trop longs mois. Une petite ville nichée au creux d’une forêt dense de conifères, en bordure d’un immense lac. Loin du cœur trépidant de la métropole, là où il lui avait dit qu’ils s’établiraient lorsqu’il aurait vendu le commerce. Elle avait patienté, espéré. Puis elle avait compris qu’il mentait. Il n’avait aucunement l’intention de quitter le confort de ses habitudes, ses amis au rire gras, au regard qui s’allumait lorsqu’elle se penchait pour leur servir leur bière, muette et sourde à leurs propos grivois. Ils pensaient qu’elle ne comprenait pas bien encore leur patois, un français émaillé de mots d’anglais. Elle se montrait plus bête qu’elle ne l’était, plus lente, silencieuse. Elle l’avait entendu dire à son meilleur ami, Réjean, qui s’étonnait qu’elle parle si peu. «Je ne l’ai pas achetée pour qu’elle me fasse la conversation.» Elle avait reçu ce mépris comme un coup de poing. Ce soir-là, ils avaient bu plus que d’habitude, en regardant la partie de hockey sur l’écran plasma qui couvrait presque tout le mur du salon. Elle leur servait les chips, les bretzels et les bières. Puis elle s’enfermait dans la cuisine. Assise à la table, sous le lustre de style colonial, elle lisait The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood. La bibliothécaire, la seule personne avec laquelle elle échangeait parfois quelques mots, lui avait recommandé cette auteure. Il y avait peu de livres en anglais dans la section littérature. Elle s’identifiait à Defred, la Servante écarlate, captive dans un monde où le moindre écart pouvait vous coûter la vie.
 

PRESSE


Au-delà de l'intrigue policière complexe et passionnante, ce sont les personnages qui retiennent l'attention. Loin des clichés du genre, ce sont des protagonistes sympathiques, des professionnels compétents et dévoués, aux personnalités attachantes, qu'on espère vivement revoir dans d'autres enquêtes.

— Norman Spenher, La Presse (2014)


Déni comporte une intrigue complexe, bien construite dans laquelle s’enchevêtrent la drogue, la prostitution, les guerres de gangs de rue et le marché de l’import-export. L’histoire est solidement ancrée dans la réalité criminelle de Montréal. L’auteure distille savamment les indices d’un crime aux ramifications internationales. Anna Raymonde Gazaille démontre habilement, et avec une sensibilité particulière, les dynamiques multiculturelles. Elle nous immerge dans les rouages de la philosophie musulmane, au cœur même du vécu des pratiquants.

— Yannick Ollassa, La Bouquineuse boulimique (2014)


Intrigue bien ficelée. Comme dans son premier livre, Anna Raymonde Gazaille tire les fils de son intrigue de façon admirable et déploie une histoire qui se déplie intelligemment devant nous. […] Avec ce deuxième livre réussi en à peine un an, la preuve est faite que le polar québécois compte maintenant une auteure importante de plus en la personne d’Anna Raymonde Gazaille.

— Michel Bélair, Le Devoir (2014)


C’est impressionnant de voir comment l’auteure nous rend accessible la culture musulmane, radicalisée ou modérée, dans un effort de compréhension qui évite les pièges de l’intolérance et de la complaisance. […] C’est un roman important, du travail bien fait.

— Michel Dufour, Sang d’encre Polars (2015)


Les accommodements raisonnables, le multiculturalisme, les crimes d’honneur constituent des sujets de choix pour des écrivains. […] Anna Raymonde Gazaille relève le défi : sa langue est précise, son regard attentif.

— Normand Cazelais, Lettres québécoises (2015)


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ANNA RAYMONDE GAZAILLE

Les polars de mœurs d’Anna Raymonde Gazaille s’inspirent de l’actualité et se veulent un reflet de notre XXIe siècle. La série débute avec Traces (2013), se poursuit avec Déni (2014) – qui lui vaut d’être l’une des deux finalistes au Prix Saint-Pacôme du roman policier 2015. Jours de haine, le troisième volet des enquêtes de l’inspecteur Paul Morel, paraît en 2017. Anna Raymonde Gazaille est aussi l’auteure de Guerrière, une nouvelle parue dans le recueil Crimes à la bibliothèque (Druide, 2015).

Photo : Martine Michaud.

Roman policier / Collection « Nomades » / Prix indicatif : 16,95 $

360 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / ISBN : 978-2-7609-3688-1

En librairie le 21 avril 2021

Également disponible au format numérique - ePub


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TRACES

Simultanément à la parution de Déni en « Nomades », paraitra au format numérique - ePub le précédent roman de Anna Raymonde Gazaille, Traces.