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Aussi inattendu que cela puisse paraître, le Moyen Âge est partout au Québec. Comment cette période européenne, longue de mille ans, si éloignée du Québec dans le temps et dans l’espace, a-t-elle pu jouer un rôle dans son histoire culturelle ? En quoi ce qui est dit et montré dans l’enceinte des musées sur le Moyen Âge peut-il nous renseigner sur l’histoire de la province et de ses grandes institutions muséales ? En retraçant les moments clés dans la réception du Moyen Âge au Québec, l’auteure nous fait voyager du temps des cathédrales néo-gothiques à l’implantation des premiers centres d’études médiévales du pays, en passant par les Médiévales de Québec et le Duché de Bicolline. L’originalité de son propos est de donner une large place aux expositions muséales qui ont mis en scène l’art du Moyen Âge tout au long du xxe siècle. 

Cet ouvrage nous invite à une réflexion sur les usages religieux, politiques, identitaires, touristiques et ludiques de cette période qui, peut-être plus que toute autre période historique, tant en Europe qu’en Amérique du Nord, n’a cessé d’être admirée, modelée, réinventée à la lumière des contextes et des enjeux contemporains. Les expositions québécoises présentées ici conduisent à la découverte du rapport complexe que nous entretenons avec le passé et avec l’histoire ; une histoire qui se vit, se raconte et se rejoue au musée.

 

ENTREVUE

(Donnée par Elsa Guyot pour le programme de doctorat interuniversitaire en histoire de l'art)

EN QUOI VOS ÉTUDES D’HISTOIRE DE L’ART VOUS SERVENT-ELLES DANS VOTRE MÉTIER ACTUEL ET QU’EST-CE QUI A ÉTÉ POUR VOUS L’ASPECT LE PLUS PRÉCIEUX DE VOTRE PARCOURS DOCTORAL ?

L’expérience du doctorat m’a permis de développer mon goût pour l’écriture et pour la transmission des connaissances. J’ai acquis une expertise dans les domaines de la communication, de la conservation et de la médiation. Sur un plan plus large, mes études universitaires m’ont amenée à développer un esprit critique : le travail de recherche et d’écriture demande de déconstruire des savoirs, de remettre en question des discours dominants et de croiser les sources. Entreprendre et terminer une thèse, c’est également devenir maître dans la gestion de projet (gérer son temps, son budget, ses priorités) et c’est un atout important pour la vie professionnelle.  

L’aspect le plus précieux de mon parcours est sans doute l’approche transdisciplinaire que la cotutelle France-Québec m’a permis d’explorer. Cela m’a donné la possibilité de faire se croiser différents points de vue issus de deux cultures universitaires. À Montréal, les séminaires doctoraux ont été extrêmement riches et stimulants : j’ai eu la chance d’y rencontrer des personnes dynamiques et intelligentes, qu’il s’agisse de mes collègues de doctorat ou des professeur.e.s en charge du programme de doctorat interuniversitaire en histoire de l’art. Tous les séminaires que j’ai suivis ont, d’une manière ou d’une autre, enrichi ma thèse.

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QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À QUELQU’UN QUI S’APPRÊTE À ENTREPRENDRE DES ÉTUDES DOCTORALES EN HISTOIRE DE L’ART ?

J’en donnerais trois.

Ayez de l’audace. N’hésitez pas à écrire et à aller à la rencontre des chercheur.e.s qui vous inspirent et dont les idées vous passionnent : par exemple, des conservatrices et conservateurs de musées, des philosophes, des critiques d’art ou encore des professeur.e.s de votre réseau et en dehors. Frappez aux portes, quand elles s’ouvrent c’est toujours une richesse supplémentaire pour vous et pour votre sujet. 

Choisissez une directrice ou un directeur de recherche en qui vous avez confiance et avec qui vous avez des affinités humaines et intellectuelles. J’ai eu l’opportunité d’être encadrée par deux professeures qui ont cru en mon projet et qui m’ont donné la possibilité de l’emmener le plus loin possible. Le chemin de la thèse est si long et si demandant sur bien des plans, qu’il est essentiel de prendre le temps de bien choisir la personne qui sera à même de vous accompagner dans votre recherche, de vous orienter, de débattre avec vous, de vous relire et de vous conseiller. 

Enfin, ne perdez pas trop de temps à vous demander si vous êtes légitimes ou non : vous êtes légitimes. Vous êtes à votre place.

 

 EXTRAIT

« Il apparaît ainsi que les représentations et les définitions du Moyen Âge demeurent variées et complexes. Chaque époque, chaque société et, finalement, chaque individu a entretenu un rapport particulier avec cette période européenne et ce rapport leur a souvent permis de se positionner dans le temps présent. À la différence des pays d’Europe qui ont souvent forgé leur identité nationale en se servant de l’histoire médiévale, le rapport à cette période dans les espaces hors Europe, et notamment en Amérique du Nord, a pu être pensé dans un contexte d’altérité géographique et historique. Ce qui est fort intéressant avec le cas du Québec, c’est qu’en raison de sa position dans un pays aujourd’hui bilingue du Commonwealth, mais originellement occupé par des populations autochtones avant d’être colonisé par les Français, la question de l’identité et du rapport de filiation ou de non-filiation à l’Europe a toujours été centrale et au cœur de nombreux débats. Nous verrons que selon les contextes politiques et selon les musées, différents « Moyen Âge » – tantôt un Moyen Âge guerrier, tantôt un Moyen Âge français, tantôt un Moyen Âge britannique (parfois, les deux), tantôt un Moyen Âge religieux, tantôt un Moyen Âge laïcisé – ont pu être sollicités afin de participer à la construction, ou en tout cas à la consolidation, d’un rapport au passé, au présent et au futur. »
 

PRESSE


J’invite les lecteurs à faire comme moi, à dévorer ce livre. C’est une enquête érudite, tout à fait passionnante et instructive.

— Marie-Andrée Lamontagne, Parking Nomade / Radio VM


L’essayiste qui est historienne de l’art spécialisée dans la muséologie et l’art médiéval est partie à la trace de tout ce qui s’est fait comme expositions sur le Moyen-Âge dans nos différents musées. Un travail de moine est le qualificatif le plus approprié.

— Culturehebdo.com


Dans une formule courte et accrocheuse, cet essai présente un bilan de recherche efficace sur la relation culturelle et patrimoniale du Québec à l’histoire médiévale européenne.

— Roxanne Mallet, Revue générale d’histoire de l’art RACAR


L’époque du Moyen Âge, « à la fois admirée, dénigrée et réinventée », a eu plusieurs vies… Elle fut entre autres revivifiée au XIXe siècle en Europe. Mais elle a eu aussi une fonction en Amérique du Nord, en particulier dans la société québécoise du XXe siècle. C’est ce que nous démontre l’historienne de l’art Elsa Guyot dans son passionnant essai intitulé Rejouer l’histoire. Ce livre, qui se lit comme un roman, regorge d’informations à propos de l’intérêt du Québec pour cette ère [... et] explique aussi comment les expositions sur l’art médiéval ont joué un rôle social et même politique.

— Nicolas Mavrikakis, Le Devoir


Dans cet ouvrage issu de sa thèse de doctorat, l’historienne de l’art Elsa Guyot démontre que même si le territoire du Québec n’a pas existé en tant que tel au Moyen Âge, celui-ci est bien présent dans nos musées. Loin de faire une liste monotone des expositions et des objets médiévaux au Québec, elle révèle comment une exposition est un lieu de discours qui présente le Moyen Âge et comment il est influencé par des contextes et des enjeux contemporains.

— Philippe Boulanger, Revue d’histoire de l’Amérique française


Partant du constat de la richesse des œuvres dans les collections privées, Elsa Guyot cherche à comprendre la réception de l’art médiéval tant par les institutions muséales que par la société plus largement. (...) Rédigé à la première personne et ponctué de réflexions comme d’anecdotes de l’autrice, le texte est en phase avec une tendance récente de l’histoire dans laquelle les chercheurs et chercheuses sont aussi « acteurs et sujets ».

— Jenny Brun, Bulletin d'histoire politique


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ELSA GUYOT

Elsa Guyot est historienne de l’art, spécialisée dans les domaines de la muséologie et de l’art médiéval. Sa thèse, réalisée entre l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 et l’Université de Montréal, a reçu le Prix de la meilleure thèse en cotutelle France-Québec du Ministère des relations internationales du Québec et du Consulat général de France. Rejouer l’histoire. Le Moyen Âge dans les musées du Québec, adapté de ce travail de recherche, est son premier livre.

Photo : Julia Roberge Van Der Donckt.

Essai / Collection « Domaine Histoire » / Prix indicatif : 21,95 $

176 pages environ / 14 x 21,6 cm / ISBN : 978-2-7609-0613-6

En librairie le 24 mars 2021

Également disponible au format numérique - ePub