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Cette histoire est celle d’une femme tombée dans une faille lors d’un tremblement de terre. En attendant les secours, elle s’adresse à son enfant. Un long monologue pour se maintenir consciente, pour s’accrocher à la vie.

 Laforce oppose la vie confortable d’une jeune Montréalaise à celles des victimes de guerres et de catastrophes. Elle met en relief l’horreur et questionne son bonheur, à travers les images, les reportages ou les œuvres littéraires qui témoignent d’une expérience de la violence. Sa narratrice raconte à son fils ses hantises, ses cauchemars, les souvenirs et impressions que lui ont laissés certains écrits relatifs à la Deuxième Guerre mondiale et au génocide des Juifs et des Juives d’Europe.

 Ce deuxième roman d’Esther Laforce, hautement littéraire, traduit une sensibilité hors du commun et soutient une riche réflexion.

 

 EXTRAIT

La poussière me recouvre. Elle embrouille tout jusqu’au ciel. Je ferme les yeux, je les ouvre, je ne vois rien. Je bats des paupières, une, deux, vingt fois. J’ai mal, j’ai peur. Qu’est-ce qui arrive ? Mon corps est traversé de sursauts, de secousses incontrôlées. Mes épaules tressaillent, à petits coups, je happe l’air, le force à entrer, à sortir, par en dedans, par en dehors, je crie, je ravale, je suffoque, mes poumons s’épuisent. La poussière descend, sur moi, lourdement, j’étouffe. Des points de lumière apparaissent, timides et embrumés, au-dessus, là-bas, dans les airs, tout en haut. J’en attrape des fragments, ce que je peux, ce sont des morceaux du monde, ce qui reste de la ville, loin là-haut, au-delà du trou resté ouvert, là où je suis tombée, où je me suis brisée. Je redresse la tête, j’essaie, mais la douleur dans mon cou, dans mon ventre et mon dos, arrête mon mouvement. Je voudrais voir mon corps et tout ce qui m’entoure. Je tousse, je ne vois rien. Des coups résonnent dans mon crâne, comme des échos du choc sur mon corps tombé, mon corps immobile. Je frissonne. Ma tête retombe, et tout mon corps avec elle. Je tombe et retombe encore, couchée dans l’obscurité, perdue dans une chute qui se répète, sans fin je perds pied, je glisse, me cogne, me fracasse, rebondis et m’affale. La Terre s’est déchirée, elle est transpercée, et je suis tombée au fond.
 

PRESSE


Tombée fait partie des “dix titres à lire cette saison” de La Presse.

Réflexion sur la violence du monde et la façon dont nous l’expérimentons, Tombée oppose la vie jusqu’ici confortable d’une Montréalaise aux malheurs du monde, que la narratrice décide de raconter à son fils dans un long monologue, pour tenter de défier la mort.

— Iris-Gagnon-Paradis, La Presse


Laforce entrelace tous ces motifs avec finesse et grande sensibilité. La narratrice a voulu préserver son enfant de la laideur du monde, mais se rend compte, maintenant qu’une catastrophe inimaginable est advenue, qu’elle a le devoir de raconter les peurs qui la hantent et son angoisse paralysante devant les atrocités du monde, particulièrement la Shoah, sujet central dans le roman et l’essai, et qui touche énormément l’écrivaine.

— Iris Gagnon-Paradis, La Presse


Il fallait une écrivaine hypersensible, lucide, annonciatrice prophétique, pour mettre en garde les humains qui, sans vergogne, ont déversé leurs calomnies, tel un alcool toxique, sur leurs plaies mal cicatrisées, pour leur rappeler que les événements destructeurs sont cycliques, aucune civilisation n'étant durable, ni idéale. Cette écrivaine, Esther Laforce, a publié en parallèle à ce livre un essai titré Occuper les distances, chez le même éditeur, relatant nos distances personnelles, celles de l'humain, entre nos manières de nous comporter dans un monde englobé de lumières et d'ombres. Ombres signifiant les violences indécentes qui se commettent en ce temps présent, de plus en plus élargies sur des territoires occupés par des femmes, des enfants, l'innocence servant de cible discriminatoire. On voudrait que le livre d'Esther Laforce ne soit pas une goutte d'eau déversée dans un océan mais, inversement, une goutte d'eau qui ferait déborder un océan las de ses noyés, corps clandestins rejetés sur un rivage innocent...

★★★1/2

— Dominique Blondeau, Ma page littéraire


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ESTHER LAFORCE

Esther Laforce a publié son premier roman chez Leméac avec Aux premiers temps de l’Anthropocène. Avec son deuxième, accompagné de son essai Occuper les distances, elle approfondit sa réflexion sur la violence du monde et sa fin qui approche.

Photo : Audrée Wilhelmy.

Roman / Prix indicatif : 15,95 $

160 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / ISBN : 978-2-7609-4850-1

En librairie le 24 février 2021

Également disponible au format numérique - ePub