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Chanteur rebelle longtemps adulé pour sa poésie punk, Alice Sapritch arrive à bout de souffle en milieu de carrière. Un ancien manager retiré du jeu lui propose à point nommé une disparition factice : décédé, Alice redeviendra l’artiste étoile qu’il a été, avant de pouvoir refaire surface un an plus tard, niquant tout le star système dont il aura ainsi bafoué, dupé, éventé les rouages implacables qui ont broyé ses rêves fous de jeunesse.

 Mais la mise en scène ne se déroule pas comme prévu, et la supercherie est révélée lors des funérailles. Conjointe, attachée de presse, journalistes retournent illico leur admiration en détestation ; on ne joue pas impunément avec la mort, toute idole soit-on… En guise de dernière bouée de sauvetage se présente une fan finie autoproclamée, atteinte d’un cancer agressif, avec qui Alice espère recoller quelques morceaux de son âme éclatée.

Conçue avec le chanteur Arthur H, cette tragi-comédie met en scène le destin perturbé d’un artiste qui a perdu son âme dans la dégénérescence des idéaux de liberté et de vérité, et dans la trahison des convictions de la jeunesse. Ce faisant, il s’est lui-même chassé du paradis de l’engagement premier, viscéral et sans concession.

 

 EXTRAIT

Tu as encouragé Alice quand ça te rapportait de l’encourager et maintenant qu’il décline, parce que c’est vrai qu’il décline, tu tires sur l’ambulance avec une telle innocence. Ça ne te pose aucun problème ? […] Ton article est mauvais non pas parce qu’il n’est pas spectaculaire, au contraire, en ce sens il est génial, mais parce que tu n’as pas écrit ce que tu ressentais. Tu as surtout cherché, une dernière fois, à affirmer ton statut, une dernière fois à maintenir ta réputation en dépeçant celle d’un autre. C’est humain. Ce que tu as fait relève d’une forme très élégante de trahison. Le malheur quand on devient un vieux con, c’est l’absence totale de douleur. On n’en a pas conscience. C’est inodore, inaudible et doux comme du coton. Je dois y aller, j’ai quatre concerts à annuler et un chanteur à retrouver, et ce ne sera pas simple.
 

PRESSE


Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge est une satire du monde du spectacle, son porte-à-faux. Exercice réussi.

— Culturehebdo.com


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WAJDI MOUAWAD

Comédien, metteur en scène, directeur du Théâtre national de la Colline, Wajdi Mouawad est aussi l’auteur du quatuor épique Le Sang des promesses (LittoralIncendiesForêtsCiels) et du roman Anima. Traduite en plusieurs langues, son œuvre a été saluée par de nombreuses récompenses internationales.

Photo : D. R.

Coédition Actes Sud / Actes Sud-Papiers / Théâtre / Prix indicatif : 14,95 $

96 pages environ / 15 x 20,5 cm / ISBN : 978-2-7609-1332-5

En librairie le 21 avril 2021