Sans descendance directe, Antonine Maillet a pourtant engendré une foule de personnages au fil de ses soixante années d’écriture. Elle souhaite aujourd’hui, dans un dialogue des plus savoureux avec ses créatures, leur laisser la juste part d’héritage qui leur revient. Après tout, plusieurs sont devenus avec le temps des figures aussi célèbres qu’elle ! Qui ne connaît pas la Sagouine, dont la voix a été entendue à travers le monde, portée par Viola Léger ? Et cette Pélagie, qui a ramené son peuple en Acadie après la déportation de 1755 ? Et mère Jeanne de Valois, qui a donné à une Acadie nouvelle son collège pour filles et son université française ?

 PRÉSENTATION

Le Pays de la Sagouine célèbre cette année ses trente ans d’existence. Il s’agit là d’un cas de figure exceptionnel où l’œuvre de littérature d’Antonine Maillet, d’abord peuplée d’êtres de papier, a pris forme dans un monde réel, visité chaque année par des milliers de touristes ravis et confondus par l’extraordinaire de cet imaginaire. À l’occasion de cet anniversaire, ce testament littéraire arrive à point nommé : onze articles pétris de clins d’œil complices qui revisitent les recoins d’un univers aussi rabelaisien que possible, suivis d’un codicille qui ne laissera aucun lecteur en reste !

Visionnez ici Antonine Maillet : Mes pensées flottantes, un portrait de l’écrivaine par André Robitaille.


EXTRAIT

PRÉAMBULE

MON TESTAMENT ?
C’est embêtant, je n’ai pas de descendance directe, pas d’héritiers naturels ou légitimes en droit d’accéder un jour à ma succession. Je me trouve tout à coup devant la perspective d’élargir mon horizon, de fouiller, de farfouiller dans mon passé, mon présent et mon avenir pour aboutir à un partage équitable de mes biens. En tant que dernière survivante d’une famille de neuf enfants, j’ai pu voir la plupart de mes frères et sœurs tenter de suivre la tradition et fonder une famille digne des peuples fondateurs. Ce qu’aucun n’a réussi, du moins pas tout à fait à l’équipollent : car à l’époque des grands-parents de mes parents, il n’était pas rare de compter sous un même toit une progéniture de dix-sept ou jusqu’à vingt-quatre du même lit, bien résolus à garder l’Acadie vivante.
Ne soyez pas surpris alors de me voir, moi qui n’ai aucunement contribué à prolonger la lignée, soudain entourée d’une ramée de neveux et nièces, petits et arrière-petits et, si j’en crois les prévisions les plus récentes, bientôt un ou une arrière-arrière qui hurlera : Faites de la place, j’arrive !
Je me gratte le front, me creuse le cerveau jusqu’à la moelle : comment donc faire ce partage décent entre les descendants directs, latéraux, transversaux d’arrière-arrière-arrière de leurs ancêtres à peine sortis du bois ? C’est beaucoup de monde pour une qui n’a jamais enfanté !
[…]
Je fige.
[…]
Ils sont là, mes vrais héritiers : les seuls nés réellement de moi. Ma véritable et légitime progéniture : MES PERSONNAGES.
— Mon testament, Antonine Maillet

PRESSE

En revisitant à travers ce testament l’univers d’Antonine Maillet, on comprend que ce dernier se situe quelque part entre le conte de fées et l’épopée : le premier, un rappel des éternels yeux d’enfants avec lesquels l’écrivain doit regarder le monde ; la seconde, inhérente à l’histoire de l’Acadie. « Une épopée raconte l’origine, la naissance d’un peuple. La naissance du peuple canadien-français appartient aux Acadiens. Nous sommes donc un peuple-épopée. J’ai ramené cette grande traversée à mon échelle, en créant, avec Pélagie, ce que j’appelle une épopée de cuisine. »

Cette trame de fond grandiose n’est qu’un prétexte pour ramener l’humanité à ce qu’elle a de plus précieux : le rêve, l’amour, le doute. L’aspect féerique de ses histoires lui permet aussi d’explorer des questionnements aussi intemporels que contemporains, tels que la lutte entre le bien et le mal, la place des femmes et l’indifférence. « Avec la Sagouine, j’ai raconté la vie de femmes invisibles, de laveuses de planchers qui étaient plus sages que bien des érudits. »

— Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, Le Devoir

À 93 ans, Antonine Maillet a voulu départager son héritage en écrivant Mon testament, une œuvre qui rend hommage à tous les personnages qui ont raconté son Acadie natale et fait d’elle un monument de la littérature acadienne.

— Laila Maalouf, La Presse

… un récit savoureux qui donne à la foule de personnages créés au fil de son œuvre la juste part qui leur revient.

— Marie-France Bornais, Le Journal de Québec

Ah, cette chère Antonine ! Non seulement elle lègue par ce testament quelque chose de précieux à chacun de ses personnages comme s’ils étaient ses propres enfants, mais voilà qu’elle pense aussi à ses lecteurs !

— Lise Chiasson, librairie Côte-Nord

Antonine Maillet vient de publier Mon Testament, un nouvel ouvrage dans lequel elle aborde son legs. Cette grande écrivaine acadienne n'a pas eu d'enfant. À qui laisse-t-elle son héritage ? « À ses personnages », répond-elle au journaliste Jérémie Tessier-Vigneault.

— Jérémie Tessier-Vigneault, La Matinale

Cette émission spéciale, qui prend souvent des allures mémorielles et testamentaires, permet enfin à Antonine Maillet de réitérer son attachement profond pour l’Acadie, terre bienveillante et chaleureuse qui l’a vue naître et grandir, alors qu’elle vit à Montréal depuis de nombreuses décennies. « Je suis très reconnaissante envers le Québec de m’avoir accueillie », souligne-t-elle toutefois à d’André Robitaille. Antonine Maillet. Mes pensées flottantes est, de ce fait, un moment de télévision marquant, riche en émotions.

— Amélie Revert, Le Devoir


ANTONINE MAILLET

Romancière, dramaturge, essayiste, Antonine Maillet est une figure marquante de la littérature francophone. Lauréate du prestigieux prix Goncourt en 1979 (pour Pélagie-la-Charrette), elle est l’auteure d’une quarantaine d’ouvrages de fiction qui ont mis au monde des personnages plus grands que nature. À quatre-vingt-treize ans, elle poursuit son œuvre sans faillir, toujours emportée par le souffle d’une langue aux accents uniques. Elle a reçu en 2021, des mains du président de la République française Emmanuel Macron, la médaille de commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur.

Photo : Paul Labelle.

Récit / Prix indicatif : 14,95 $

112 pages / 11,2 x 19 cm / 978-2-7609-5153-2

En librairie le 15 juillet 2022

Également disponible au format numérique - ePub