« Car la mort est partout : il vaut mieux l’apprivoiser. Elle est dans le tissu même des choses, elle irrigue, elle nourrit – elle permet à la vie d’aller de l’avant. »

En mai 2020, au plus fort de la pandémie, une baleine égarée remonte le fleuve jusqu’à Montréal. Après s’être offerte en spectacle aux curieux venus l’admirer, elle finit par s’échouer, sans doute heurtée par un navire. Au moment où la baleine est retrouvée morte, la mère de Martine Béland rend l’âme au terme d’une longue maladie. Dans ses derniers moments, celle qui préférait souvent la compagnie des animaux à celle des humains demandait des nouvelles du mégaptère, mot qu’elle employait pour désigner ce grand mammifère marin qui la fascinait.

 PRÉSENTATION

L’autrice part de la coïncidence entre la mort de sa mère et celle d’une baleine dans le fleuve Saint-Laurent en mai 2020 pour remonter le fil d’une histoire et comprendre ce qui fait la valeur d’une vie. Depuis les côtes du Pacifique où poussent les ifs qui soignent les cancers jusqu’à la grève de la baie Sainte-Marie où la marée rejette chaque matin ses trésors, Martine Béland rassemble les morceaux épars d’une existence mystérieuse et secrète. Elle parcourt les paysages, retrouve les objets et les maisons que sa mère a connus et aimés. C’est au cœur d’une vieille demeure aux rideaux tirés que logent les non-dits, les rêves échoués, les désirs inassouvis de celle qui fut jadis une jeune fille.

À la frontière entre l’essai et le récit, Mégaptère est un livre d’où jaillit la lumière. Il révèle une écrivaine de premier plan, héritière d’Annie Dillard, dont le regard sûr et la plume sensible montrent combien toute vie contient un monde qui demande à être découvert.


EXTRAIT

Il a fallu l’arrivée d’une baleine en face de La Ronde pour que ma mère prenne conscience du caractère inéluctable de la mort. Elle n’a pas été la seule à recevoir ce message. Les discours publics étaient rapidement passés de l’étonnement (une baleine à Montréal !) aux questions à réponse (comment est-elle arrivée ici ?) et sans réponse (pourquoi est-elle là ?) – puis aux appréhensions. Car une fois l’éblouissement passé, on a craint la fin, on a senti la mort venir. Vu le manque de sel dans l’eau, des problèmes de santé étaient possibles. Vu le nombre de plaisanciers et de grands navires, une collision était probable. Vu l’absence de maquereaux ou de capelans, une sous-alimentation était plausible. Vu le niveau de bruit sous-marin, la désorientation était envisageable. Certains commencèrent à demander si un « plan de sauvetage » n’était pas, lui aussi, possible, probable, envisageable.
Un plan de sauvetage ? Pour un animal sauvage de dix mètres et de dix-sept tonnes, arrivé ici par lui-même à la nage…
Le biologiste Robert Michaud a rappelé aux citadins que le mot d’ordre envers les espèces sauvages est d’intervenir le moins possible. Comme son collègue Richard Sears, il l’a dit sans ambages : il fallait « laisser la nature suivre son cours ». On aurait dit que les deux biologistes marins de la Côte-Nord étaient entrés en scène précisément pour rappeler aux Montréalais – passants, journalistes, politiciens – que la mort est dans la nature des choses.
C’étaient là des messages que ma mère recevait depuis quelques mois, déjà, mais qu’elle ne voulait pas entendre. « Le moins d’intervention possible » : possibilité exclue. « Le caractère inéluctable de la mort » : proposition refusée.
— Mégaptère, Martine Béland

PRESSE

Mathieu Bélisle présente la collection « L’inconvénient ».

— Entrevue avec Catherine Richer, Le 15-18

En mai 2020, une semaine après qu’elle eut remonté le cours du Saint-Laurent jusqu’à Montréal, on s’en souvient, une jeune baleine à bosse avait été retrouvée morte. À quelques kilomètres de là, peu de temps après, fascinée par le mammifère marin qu’elle appelait un « mégaptère », la mère de Martine Béland est décédée après une longue maladie. Ces événements sont à ses yeux un rappel « que la mort est dans la nature des choses ». Ce qu’elle fait de belle façon dans Mégaptère, un court essai méditatif.

— Christian Desmeules, Le Devoir

Une immense leçon d’humilité.

— Marc-André Dufour, Il restera toujours la culture

Chacun a le choix de voir son héritage familial sur la base d’un affrontement/fuite ou sur la base d’un jardin à cultiver. Martine Béland choisit clairement la deuxième voie.

— Jérémie McEwen, La Presse

— Entrevue avec Nathalie Geddry, La Mouvée, ICI Radio-Canada

MARTINE BÉLAND

Née à Ottawa, Martine Béland a vécu de nombreuses années en Ontario et au Québec avant de s’installer en Nouvelle-Écosse. Elle est titulaire de diplômes d’études supérieures en philosophie, en études allemandes et en études politiques. Elle a publié des ouvrages et des articles en philosophie et elle a traduit deux œuvres de Nietzsche pour la collection « GF » de Flammarion. Mégaptère est son premier recueil d’essais.

Photo : Université Sainte-Anne.

Essai / Collection « L’inconvénient » / Prix indicatif : 12,95 $

80 pages environ / 12,7 x 16,8 cm / 978-2-7609-9484-3

En librairie le 8 février 2023

Également disponible au format numérique - ePub