Andréa a cinquante ans. Elle est au sommet de sa carrière lorsqu’elle perd la voix en plein milieu d’un concert dans la ville de Leipzig. De retour à Montréal, elle quitte son appartement et son poste de professeur au Conservatoire pour aller vivre seule à la campagne, dans la maison familiale inhabitée depuis la mort de sa belle-mère, madame Werner, et le départ de son père dans une résidence pour personnes âgées. Andréa se heurte alors à sa pire hantise : être une femme aussi invisible que madame Werner.

Au fil des mois, elle revit son arrivée lumineuse et terrifiante à Paris, ainsi que les jours qui ont précédé le début de sa carrière en France, mais tout ce passé est peu à peu revu à travers la figure de madame Werner, tamisé par l’innocence et l’amour de cette femme jusque-là jugée insignifiante. C’est ainsi qu’Andréa apprend, non sans ironie, à faire face à la petitesse de son existence, à toutes ces journées vides jusqu’à ce qu’elles débouchent sur l’étrange joie d’avoir tout perdu, le silence au cœur même de la musique.

 PRÉSENTATION

Par la beauté de sa prose ample et fluide qui explore aussi bien le monde intérieur qu’extérieur, Gabrielle Chevarier offre avec ce roman une recherche de la vie retrouvée au fond du temps perdu à exister dans le regard des autres, loin de la grandeur de tous ces destins minuscules qui ne se sont jamais éloignés de l’enfance.


EXTRAIT

Robert veut simplement me parler de la « débâcle de Leipzig » – il se croit fin de reprendre le titre du fameux article paru dans « Le Monde » quelques jours après mon dernier concert. C’est un épineux problème, pour une prof de chant, que cette laryngite fulgurante que je traîne depuis cette « funeste tournée » ! La direction a besoin d’être rassurée sur mon état de santé, et je les imagine, lui et sa secrétaire, m’imitant, terminant pour moi, dans leur bureau, quand tout le monde est parti, cette phrase du lied de Schumann, « Mondnacht », encore suspendue depuis ce concert-là dans la salle de la Gewandhaus, dans « la blancheur lunaire d’une grande voix qui s’éteint ». Je les vois, Brigitte et lui, jouer et rejouer l’écroulement de toute ma personne, parler de mon hystérie de diva, moi qui, dès mon retour, ai demandé un congé du Conservatoire jusqu’à la fin du semestre et quitté mon appartement de Montréal pour me réfugier à la maison familiale, au fin fond de la campagne. Bientôt, s’inquiète Robert, dès la semaine prochaine, n’est-ce pas, je vais reprendre le collier ?
— Madame Werner, Gabrielle Chevarier

PRESSE

Gabrielle Chevarier écrit ici un premier roman court et puissant. Chaque mot s’accorde magnifiquement à ce drame contemporain. C’est digne de la Ständchen de Schubert, mais on espère que ce livre ne sera pas son ultime !

— Alexandra, Librairie Gallimard

Luxuriante comme un jardin proustien, la prose de Gabrielle Chevarier étonne par sa virtuosité. Rarement a-t-on vu une genèse stylistique aussi achevée que dans ce premier roman tout en musique !

— Thomas Dupont-Buist, Lettres québécoises

GABRIELLE CHEVARIER

Gabrielle Chevarier est membre du comité éditorial de la collection « Contre-jour » chez Nota Bene et enseigne la littérature au cégep. Madame Werner est son premier roman.

Photo : Joëlle Roy-Chevarier.

Roman / Prix indicatif : 21,95 $

184 pages / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4924-9

En librairie le 29 mars 2023

Également disponible au format numérique - ePub