À travers une mythologie sensible et foisonnante, Amélie Hébert Saint-Ours élève au rang de royautés deux lignées familiales aux forces telluriques divergentes.

Du côté paternel, Henri, bourgeois pharaon de la dynastie Bay, a fait bâtir sur les berges de Valleyfield son décadent monument funéraire, dans lequel il suffoque à feu lent Pierrette, l’épouse royale. Sa petite-fille revisite les méandres de la maison-tombeau, ses joyaux kitsch, ses culs-de-sac et ses antichambres, elle qui n’a connu que l’âge mort de ce règne jadis glorieux.

Du côté maternel, Jeanne, louve royale couronnée de ciel et d’horizon, veuve du souverain Oswald et des jours fastes, s’approprie sans distinction le sauvage et le sacré. Cette sorcière chrétienne règne sur le palais Baxter, ses forêts, ses ménestrels et ses alchimies, ses deuils et ses fantômes. Tout en veillant sur sa meute, qui s’attroupe au duplex de LaSalle à la moindre occasion pour festoyer avec panache et découvrir l’avenir dans les tasses de thé.

 PRÉSENTATION

La narratrice archéologue fouille les artéfacts de son enfance et de ses ancêtres, en dresse l’inventaire pour repeupler les demeures liquidées et se reconstruire à partir de leurs ruines. Elle donne ce faisant à voir la magnificence trouble des genèses.

Avec ce premier texte, l’autrice s’octroie l’audace de transgresser le roman des origines.


EXTRAIT

En 40 après H. H.

Le début de mon histoire commence ici. Au cœur de la part paternelle, celle de la pierre qui construit et érige des dynasties.
Cette histoire est une maison, source de beaucoup de mes fascinations.
C’est le plus gros paquebot de Valleyfield, amarré au milieu de la cour, vaste et verte prairie propre. Il se repose près du lac Saint-François –joyau d’algues, de lumière et de briques. Son quai plonge dans le lac qui devient une petite mer. Les rouges-gorges se fracassent le crâne contre ses fenêtres rectangles. On joue peu sur sa pelouse royale campivallensienne.
Cette maison est aussi un tombeau.
Henri H., mon grand-père, s’est proclamé pharaon de la dynastie Bay. Instruit de la tête aux pieds, il appartient à une race rare, celle du caducée. Il avance dans sa vie de Canadien français qui a bien des choses à prouver. Il porte sur tout un regard d’acier en s’arrachant le cœur de la poitrine, avec une précision de chirurgien. Ce cœur, il l’a profondément enterré au fond du jardin avec les cadavres de tortue de son fils, se disant qu’au besoin il pourrait sûrement s’en acheter un autre.
Il fait ainsi construire son monument funéraire, le palais royal des secrets colossaux, la continuité des circonvolutions de son cerveau de roi régnant sur la petite banlieue.
— Les royautés sauvages, Amélie Hébert Saint-Ours

AMÉLIE HÉBERT SAINT-OURS

Née à Pierrefonds en 1981, Amélie Hébert Saint-Ours détient un baccalauréat en études théâtrales de l'UQAM ainsi qu’un baccalauréat en enseignement de l'Université de Montréal, et écrit depuis toujours. Elle vit en Mauricie. Les royautés sauvages est son premier roman.

Photo : D. R.

Roman / Prix indicatif : 13,95 $

96 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / 978-2-7609-4910-2

En librairie le 8 février 2023

Également disponible au format numérique - ePub