L’ortolan est un « bruant gris-vert et jaune, au dos strié de noir, à chair très estimée » (Larousse). On le chasse en toute illégitimité, puis on le cuisine et le déguste selon un rituel immuable, la tête bien cachée sous un tissu.
Tout comme ces mangeurs d’ortolans, les personnages du roman de Simone Chaput se voilent la face, se mentent – à eux-mêmes et aux autres. En surface, pourtant, tout semble parfait. Un père garde forestier, une mère dramaturge, deux enfants, garçon et fille, qui ont grandi dans la splendeur de la forêt boréale. Famille idéale. Tissée serrée. Mais le maillage s’effiloche. Le fils s’enfuit en Amérique du Sud. La fille dissimule tout un pan de sa vie. Et le jardin secret des parents est envahi de ronces.