Jeanne la féroce et Olivier le timide, affolés par l’état du monde, sont entraînés dans une élection scolaire qui les oppose tout en les mobilisant. Une trentaine de personnages chatoyants les croisent comme autant de fulgurances, ponctuant leur quête éperdue de combattre l’inertie ambiante et de changer les choses.

Drôle, dure, loufoque, caustique, poétique, cette pièce ancrée dans son époque infuse de la magie dans la satire et une tendresse assumée dans le commentaire citoyen. Ciselée avec soin, d’une lucidité qui éclate partout, voici une fresque délinquante où l’adolescence, au coeur du désastre, ose rester debout et rêver malgré tout.

 PRÉSENTATION

Satire politique grinçante et radiographie de nos angoisses collectives, ce texte exubérant et caustique invite le spectateur à réfléchir au poids qu’il porte, mais surtout à celui qu’il possède.


EXTRAIT

« 1. FUCK YOU, JE SUIS DÉJÀ BELLE

LE DIRECTEUR, à l’interphone. Bonjour. Ici votre directeur. Vous pouvez arrêter de huer, moi non plus je vous aime pas. Comme vous savez, l’année passée on s’est retrouvés dans le palmarès des pires institutions scolaires du pays. Autrement dit, on est tous des losers. La première bonne nouvelle, c’est que je pars à la retraite dans un an, fait que je m’en fous. La deuxième, c’est que grâce à ce classement, on a obtenu une subvention spéciale visant à développer votre bla bla bla… C’est ainsi que cette semaine, on lance en grande pompe (bruit d’une flûte de fête poche) la Semaine du futur. En gros, on organise des élections scolaires pour vous faire croire que vous avez du pouvoir. Pis après, on organise un party costumé pour vous faire oublier que vous en avez pas. Êtes-vous excités ? Moi non plus. Bonne journée.

(…)

LA MÈRE D’OLIVIER. Veux-tu des crêpes ou une omelette ?

OLIVIER. Sais-tu combien de gens déjeuneront pas aujourd’hui ?

LA MÈRE D’OLIVIER. Justement. Mange pour eux autres.

OLIVIER. Je viens de rêver que je recevais la Terre morte en cadeau.

LA MÈRE D’OLIVIER. Un rêve ! Qu’est-ce que tu penses que ça veut dire ?

OLIVIER. Me semble que le message est clair…

LA MÈRE D’OLIVIER. Je reviens avec mon dictionnaire des rêves. Donc… Recevoir une claque… Recevoir un courriel… Recevoir un cadeau… Recevoir la Terre en cadeau… Recevoir la Terre morte en cadeau… (Elle lit et s’arrête rapidement.) Oh… C’est pas bon signe.

OLIVIER. Tu m’étonnes… Qu’est-ce que ça dit ?

LA MÈRE D’OLIVIER. Ça dit : « Vous êtes dans marde. Tous et toutes dans marde. L’humanité au complet, dans marde. » Laisse faire ça, c’est juste un livre... Si t’arrêtais d’écouter des documentaires, aussi ? Je l’ai vu ton historique. Je le sais ce que tu googles : Réchauffement climatique. Surpopulation. Images de familles migrantes qui coulent au fond de la mer. Tu pourrais pas être comme le reste des jeunes de quatorze ans pis écouter des mangas pis de la porno ? Me semble que tu ferais des plus beaux rêves…

OLIVIER. J’ai quinze ans. Pas quatorze.

LA MÈRE D’OLIVIER. Mon Dieu que ça passe vite.

OLIVIER. Justement. Il reste pus beaucoup de temps pour sauver la planète. »
— Le poids des fourmis, David Paquet

PRESSE

À des lieux des monolithes militants, David Paquet se cache adroitement derrière la multitude des discours, saisissant dans sa compréhension des enjeux intergénérationnels. L’éloquence est toujours aussi éblouissante, l’humour, parfaitement calibré.

— Thomas Dupont-Buist, Librairie Gallimard, Les Libraires

Avec Le poids des fourmis, il y avait une nouveauté : celle de m’attaquer, pour la première fois, de façon frontale à des enjeux sociaux politiques. Habituellement, je suis un adepte du surréalisme et de la fable intimiste. Cette pièce m’a permis, comme jamais, de nommer plutôt qu’évoquer. Si la fiction est à la fois un miroir et un refuge du réel, Le poids des fourmis tire davantage du côté du reflet que de l’abri.

— Entrevue de David Paquet, L’Actualité

Grâce à son écriture toujours aussi foisonnante et décapante, Paquet nous secoue le désespoir tranquille.

— Nicolas Gendron, Magazine Strom


DAVID PAQUET

David Paquet est diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada. Maintes fois primées (Prix littéraire du Gouverneur général du Canada, prix Michel-Tremblay, prix Sony-Labou-Tansi, Prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre), ses oeuvres ont été présentées dans plus d’une dizaine de pays, en Europe et en Amérique du Nord.

Photo : Julie Artacho.

Pièce de théâtre Jeunesse / Collection « Théâtre Leméac Jeunesse » / Prix indicatif : 12,95 $

88 pages environ / 12,7 x 19,6 cm / 978-2-7609-0485-9

En librairie le 19 janvier 2022

Également disponible au format numérique - ePub