“J’ai enseigné pendant près de quarante ans et je n’ai jamais été déçu ni par la littérature ni par les élèves. Je crois encore qu’il n’y a pas de plus beau métier que de protéger l’esprit contre la bêtise tantôt en l’exposant à une lumière plus vive ou à des ténèbres plus opaques, tantôt en le déployant dans la lenteur des choses familières. Ma méthode était simple, voire simpliste : je ramenais tout à ce moi qu’avaient éveillé, ébranlé, divisé tel livre, telle phrase, telle pensée. Que se passe-­t-­il quand je lis, quand j’écris, quand je pense ? Comment supporter et nourrir cette nouvelle vie que me donnent la lecture, l’écriture, la pensée ? Est­-il possible qu’il y ait des choses qui n’ont pas encore été pensées, écrites, lues, et si oui, comment les découvrir ? Tout mon enseignement procédait de ces questions auxquelles les œuvres tentaient de répondre d’un siècle à l’autre, car la seule réponse à ces questions, c’est la question elle-même portée à son plus haut niveau de précision et de transparence, d’espoir et de détresse.”