À vingt et un ans, Réjane Bougé rencontre un psy à l’urgence de l’hôpital Notre-Dame, alors qu’elle traverse des crises d’angoisse. Ce dernier ne deviendra ni son père, ni son amoureux, ni même son ami, bien qu’il empruntera des traits à chacune de ces figures au fil des quarante années au cours desquelles ils se côtoieront par intermittence.

Quand S. prend sa retraite, en 2020, Réjane Bougé se retrouve orpheline. Pour survivre à ce deuil, et évoquer cette aventure intellectuelle et émotive fondatrice, elle puise, dans les cahiers où elle note ses rêves, ceux où son psychanalyste est présent. Au sein d'images déployées dans des mises en scène tantôt graves tantôt cocasses, le « personnage » du psy se dessine. Au fil de ces souvenirs oniriques ramenés à la surface, l’autrice a l’occasion de rebondir sur des faits réels et de nourrir ses réflexions sur cette précieuse relation.

 PRÉSENTATION

Loin d’être une apologie de la psychanalyse, ce récit est un vrai projet littéraire, riche, rare ; un travail nourri à même le paradoxe qu’il faille d’abord ressusciter quelqu’un entre les pages d’un livre pour mieux pouvoir l’enterrer.


EXTRAIT

Ce n’était pas mon père. Ni mon amoureux. Ni même mon ami. Bien qu’il ait emprunté des traits propres à chacune de ces figures au fil du temps. J’ai cherché le mot pouvant le mieux définir cette relation qui s’est étalée sur plus de quarante ans et je crois que, tout bien pesé, le mot « alliance » est celui qui convient le mieux. Oui, c’était un allié. Un allié indéfectible. Mon indéfectible allié. C’était mon psy. Je fais sa rencontre à l’urgence de l’hôpital Notre-Dame le 1er juillet 1979. J’ai consigné l’événement dans mon Agenda des femmes de cette année-là. En ce début d’été, j’ai vingt et un ans et je traverse de grosses crises de panique depuis un moment déjà sans savoir, à cette époque, qu’il s’agit d’angoisse. J’écoute le disque blanc de Keith Jarrett, son Köln Concert, les notes s’égrenant mélancoliquement dans le six-pièces de la rue Fullum que j’habite maintenant seule, ma dernière coloc ayant déménagé ses pénates, et j’angoisse. J’écoute aussi le premier disque de Suzanne Jacob jusqu’à plus soif, je l’accompagne en chantant à voix haute toutes les paroles et j’angoisse. Je fais beaucoup d’angoisse. De gros paquets d’angoisse. Je suis une machine à fabriquer de l’angoisse. Une sale angoisse, c’est le qualificatif que je préfère pour la cerner. Ou si, vous, vous préférez, une angoisse sale. Les deux me vont.
— L'allié rêvé, Réjane Bougé

PRESSE

Le monde des rêves n’est pas négligeable pour Réjane Bougé, loin de là. Il est même essentiel à la bonne conduite de son existence. Ayant passé de nombreuses années allongée sur le fauteuil d’un psychanalyste, elle considère les rêves comme de précieux outils à son travail d’orfèvre qui consiste à observer et à décortiquer sa vie à l’aune de son univers onirique. Dans son récit L’allié rêvé, qui se veut une sorte d’hommage à S., le psychanalyste en question, l’autrice nous ouvre les pages de ses cahiers et nous fait voir tout le potentiel curatif, créatif et salutaire que recèlent les songes.

— Isabelle Beaulieu, Les Libraires

RÉJANE BOUGÉ

Réjane Bougé a écrit plusieurs ouvrages dont Bruits et gestes perdus. Quarante-deux tableaux pour une disparition (2013). L’écriture comme travail de deuil est au cœur de plusieurs de ses livres.

Photo : Christiane Desjardins.

Récit / Prix indicatif : 23,95 $

184 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4917-1

En librairie le 25 janvier 2023

Également disponible au format numérique - ePub