Spectacle-fleuve en six tableaux d’abord mis en lecture le 27 août 2022 à Espace Libre – entre 10 h et 22 h –, La traversée du siècle constitue un événement unique dans les annales de la dramaturgie québécoise. En croisant les œuvres romanesques et théâtrales de Michel Tremblay autour de trois destins de femmes d’une même lignée – Victoire, Albertine et Thérèse –, Alice Ronfard a monté une fresque vertigineuse qui réunit soixante-quinze personnages. Il en résulte un enchaînement d’une portée émotive souvent insoutenable : on rit, on pleure, on jubile et on souffre avec ces gens du monde ordinaire transformés en héros de la vie quotidienne.

C’est André Brassard qui avait eu l’idée de ce projet fou il y a plusieurs années. Jusqu’à son décès, en octobre 2022, il a accompagné Alice Ronfard dans cette aventure, lui confiant le soin de la poursuivre et de la mener à son terme. À elle maintenant de tricoter la laine de cette écriture à la fois balzacienne et zolienne. Ainsi Alice est-elle devenue la cinquième muse / tricoteuse du monde de Michel Tremblay – après Mauve, Rose, Violette et Florence : Alice au pays de Tremblay.

 PRÉSENTATION

Accueilli dans sept théâtres de Montréal à partir du 26 août 2023 et jusqu’en juin 2024, La traversée du siècle devient un spectacle culte à ne pas manquer.


EXTRAIT

JOSAPHAT. J’ai quequ’ chose à te dire, Victoire.
VICTOIRE. J’espère que c’est pas désagréable, Josaphat…
JOSAPHAT. Ça dépend comment tu vas le prendre…
VICTOIRE. Ben vas-y. Mais laisse-moi te poser une question avant. C’est-tu parce qu’on est dans le noir que t’en profites pour me dire ça ?
JOSAPHAT. Non. Pantoute. C’est juste que c’est une chose qui tombe mal pis que j’ai hésité jusqu’à la darniére menute pour t’en parler…
VICTOIRE. Une chose qui tombe mal ?
JOSAPHAT. Oui. Ça s’est décidé y a longtemps pis je peux pus reculer.
VICTOIRE. C’est quoi ?
JOSAPHAT. J’ai été demandé pour aller jouer du violon dans une veillée à Chénéville, demain soir. Des fiançailles, j’pense. Ça fait que j’pars demain après-midi.
VICTOIRE. Ça veut dire que tu vas coucher là ?
JOSAPHAT. Oui. Tu vas rester tu-seule jusqu’à dimanche.
VICTOIRE. Tu peux pas revenir après la fête ?
JOSAPHAT. Y va être tard. C’est loin, Chénéville. Pis tu dois ben te douter que je serai pas à jeun. Le cheval a beau connaître le chemin par cœur, j’y demanderais jamais ça la nuit… Pis y faut que tu t’habitues, ça va arriver assez souvent… J’avais peur que t’ayes peur, tu-seule, comme ça…
— La traversée du siècle, Michel Tremblay et Alice Ronfard

PRESSE

Tremblay a fait du destin de familles canadiennes-françaises une grande tragédie aux accents antiques. Si Les belles-sœurs a fait le tour du monde et a été traduit en tant de langues, c’est que partout des femmes vivent les mêmes choses, ce que l’écrivain a su saisir juste en regardant autour de lui dans les rues du Plateau Mont-Royal et sur la Main.

Mais c’est encore plus que ça, Tremblay. C’est la voix des marginaux, des déclassés et des humiliés qui se fait entendre, celles des femmes, des fous et des minorités sexuelles, tandis que les hommes sont presque tous anéantis et alcooliques. Je ne suis guère surprise que des jeunes soient en train de le découvrir, ça demeure avant-gardiste. Et tout cela en inscrivant la langue québécoise pour toujours au patrimoine de l’humanité.

— Chantal Guy, La Presse

En croisant les œuvres romanesques et théâtrales de Michel Tremblay autour du destin de trois femmes d’une même lignée — Victoire, Albertine et Thérèse —, Alice Ronfard a monté une fresque vertigineuse qui réunit 75 personnages.

— Marie-France Bornais, Le Journal de Montréal

Grâce à un décor composé de quatre grandes tables et quelques chaises (Gabriel Tsampalieros), à des éclairages réinventant l’espace (Julie Basse) et à une bande sonore sensible (Joris Rey), les vingt interprètes, réjouissant assemblage de chevronnés et de novices, évoquent les lieux et les époques. Du matin au soir, guidé par un narrateur hors pair (Emmanuel Schwartz), soulevé par la choralité extraordinaire de l’ensemble, cette écoute mutuelle, cette complicité flagrante, ce dynamisme contagieux, le public chemine tout naturellement de 1900 à 2016, de Duhamel à Montréal en passant par Ottawa et la Saskatchewan.

— Christian Desmeules, Le Devoir

Entrevue avec Alice Ronfard.

— Eugénie Lépine-Blondeau, Tout un matin

MICHEL TREMBLAY, ALICE RONFARD

Dramaturge et chroniqueur fécond, Michel Tremblay a publié à ce jour plus de soixante-dix ouvrages, tous genres confondus : romans, récits, pièces de théâtre, comédies musicales, livret d’opéra… Il a reçu en 2018 le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française. Son théâtre est joué et applaudi dans une trentaine de pays depuis plus de cinquante ans.

Après plus de soixante mises en scène inspirées et appréciées, Alice Ronfard fait sans contredit partie des grand·es architectes de la dramaturgie québécoise. Son apport au monde du théâtre, considérable et inventif, a été salué par de nombreuses récompenses. Elle est la fille du metteur en scène Jean-Pierre Ronfard et de la romancière Marie Cardinal.

Photo : Jérémie Battaglia.

Pièce de théâtre / Collection « Théâtre Leméac » / Prix indicatif : 32,95 $

464 pages / 12,7 x 19,6 cm / 978-2-7609-0495-8

En librairie le 23 août 2023

Également disponible au format numérique - ePub