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Dans le jardin de sa maison parisienne, la narratrice découvre par hasard une modeste pierre tombale. Hantée par une date de naissance qu’elle partage avec celle du décès de la défunte, elle devient l’intime d’une présence discrète et troublante, qui s’installe dans sa vie.

Un siècle après la disparition de Marie, quittant Paris pour s’établir au Québec, la narratrice ressent plus que jamais l’urgence d’écrire pour redonner, fictivement et avec un respect émouvant, une existence à celle dont elle ignore tout. Que faire de ce qui n’est qu’un nom mais n’en est pas moins une vie qui s’achève en pleine guerre à trente-six ans ?

 

 PRÉSENTATION

Alternant des extraits de carnets écrits depuis 2017 et un récit sur fond historique, La pierre au milieu d’eux tous est le portrait rêvé et sensible d’une femme qui échappe au carcan des conventions du début du XXe siècle grâce à l’imagination, à la danse et à la relation secrète qu’elle tisse avec sa fille.

 
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EXTRAIT

Clémence dans la lueur bleue du matin, petite poupée drôle qui galope dans la mercerie. Nous sommes si proches durant de si longues heures sous la pluie. Nous jouons. Nous nous déguisons. Avec les chapeaux et les rubans. Nous nous cachons derrière les rouleaux d’étoffes. Dès qu’il fait beau, je mets ma petite dans un chariot, cachée sous des voiles.
De Saint-Servan à Paramé, tout le monde sait maintenant qui nous sommes. Les filles de La Providence, les filles de la mère Armand, la grande et la toute petite, qui tant se ressemblent. Hormis les yeux. Personne n’ose, car mon regard est insoutenable. S’il n’y avait cette couleur disparate, dans le cœur de mes yeux, on me dirait insolente, sa discordance me protège. J’ai peur de blesser mes parents, de faire choir tout le bon ordre qui nous entoure. « Quelle jolie petite sœur vous avez, Marie ! Votre mère doit être bien heureuse. C’est si gentil à vous de prendre ainsi soin d’elle. »
Clémence est une petite ombre, mieux qu’un jeu infini. Elle entre dans tout. Le feutre des chapeaux joue entre nos mains, les plumes de geai s’entortillent, nous enfilons des kilomètres de perles et de boutons. Je ne pense pas. J’oublie. J’oublie les mots. Tu diras qu’elle est ta sœur. Une abomination, une erreur de la nature. Les mots qu’une mère se serait retenue de prononcer.
Caroline Baugmart © Martin Shank Couleurs.jpg

CAROLINE RENÉDEBON

Caroline Renédebon est née en 1975 à Paris et vit aujourd’hui à Montréal. Après Bien-Aimé Tchebychev (Éditions de la Différence, 2014), La pierre au milieu d’eux tous est son deuxième roman.

Roman / Prix indicatif : 16,95 $

96 pages environ / 12 x 20 cm / ISBN : 978-2-923682-72-3

En librairie le 1er septembre 2021

Également disponible au format numérique - ePub

 
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