« Ce moment est à peu près le seul où je ne m’inquiète pas pour Agathe. Elle est là, à côté. Les arbres bruissent à sa fenêtre. Elle dort emmaillotée dans un drap de coton frais. L’aube vient, je sais qu’elle respire. »

Virginia Woolf écrit que « les hommes racontent des guerres, les femmes des accouchements ». La naissance d’Agathe nuance cette affirmation : certains accouchements ressemblent à des guerres, non seulement parce qu’ils sont longs et difficiles, mais aussi parce qu’ils commencent parfois de nombreuses années plus tôt et visent à résoudre des conflits, à panser des blessures qui ont empoisonné la vie de la future mère. Issue d’une histoire familiale remplie d’abus de toutes sortes, Lili livre une lutte épuisante contre les peurs qui la paralysent depuis son plus jeune âge.

Puis un jour elle rencontre Marc, avec qui elle décide d’avoir un enfant. Agathe naît de cette « soif de réparer », de se réparer ; c’est un pari sur l’amour qui redonne à Lili son innocence et la force de recommencer sa vie, au moment même où le monde est menacé de destruction.

 PRÉSENTATION

Précise et sobre, la langue de July Giguère rend bien la lumière d’un paysage, la complexité paradoxale des sentiments et la justesse du regard que pose sur le monde celle qui en a été exclue. Ce livre touchera toutes les femmes qui ont connu une forme ou une autre de maternité et tous les hommes que l’amour a un jour détournés de leurs guerres.


EXTRAIT

Le soir où je me suis rendue à la clinique, le ciel était d’une transparence douteuse – une eau brune dans la clarté friable des lampadaires. Il bruinait quand je suis sortie. La nuit était tombée depuis un bon moment. Le fond de l’air était chaud. On ne discernait plus la moindre trace de neige sur les trottoirs. Nous étions pourtant en février. Le vent qui s’engouffrait entre les édifices charriait des résidus de sel et de sable. J’ai pensé aux changements climatiques – les rues étaient désertes, l’hiver semblait défiguré –, à ces jeunes, de plus en plus nombreux, qui renoncent à devenir parents par anxiété écologique et j’ai eu peur pour Agathe. Que lui réservait le monde ? Jusqu’où souffriraient les
enfants de sa génération ? Marc et moi n’avions pas voulu y penser, nous ne le voulions toujours pas. Nous voulions l’aimer et que cela suffise, me suis-je rappelé en soulevant la cage de Ti-Caille. Contrairement à son habitude, il n’avait pas miaulé pendant le trajet en voiture. Il était devenu silencieux à l’arrivée d’Agathe ; il le resterait jusqu’au bout.
Avant de me diriger vers la clinique, j’ai cherché à tâtons la couverture de bébé que nous avions abandonnée sur le siège arrière la veille. Je m’en suis servie pour abriter Ti-Caille du vent. J’ai glissé mes doigts à l’intérieur de sa cage. Il s’est approché pour les humer et y déposer sa tête. Il a fermé les yeux. J’ai senti sa gorge palpiter. Ces gestes venaient trop tard, mais sans doute avait-il comme moi besoin de s’accrocher à l’illusion qu’ils entretenaient.
— La naissance d'Agathe, July Giguère

PRESSE

C’est cette façon, intelligente et audacieuse, de tout mettre sens dessus dessous, qui permet à July Giguère de s’inscrire en paix dans un monde cicatrisé, d’être prête pour de nouveaux combats.

— Yannick Marcoux, Le Devoir

— Entrevue de July Giguère, Libraire de force

Comment prendre soin d’un enfant dans le monde actuel ? Comment réparer, aimer ? Un livre sur le doute, la peur et le désarroi face à la fragilité des êtres. July Giguère s’interroge sur le vivant et comment en prendre soin. Un livre subtil, magnifiquement écrit. Profond et lumineux. Un remède à la grisaille.

— Karine Rosso, Il restera toujours la culture

— Entrevue de July Giguère, Le Cochaux Show

… j’ai été complètement happée par ce roman sensible, intense… cette fille-là a l’art du récit…

— Marie-Claude Veilleux, Par ici l’info, ICI Première Estrie

JULY GIGUÈRE

July Giguère a passé son enfance auprès de parents qui fuyaient la leur sur les routes de l’Amérique. Cela a fait d’elle une écrivaine lente, amoureuse des paysages. Ses écrits s’intéressent, entre autres, au trauma et à la filiation. Son recueil de poésie Rouge – presque noire (L’Hexagone, 2009) a été couronné par le Grand Prix du livre de la Ville de Sherbrooke. Son roman Et nous ne parlerons plus d’hier (Leméac, 2017) lui a valu d’être finaliste au prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec. La naissance d’Agathe est son deuxième roman.

Photo : Olivier Arsenault.

Roman / Prix indicatif : 21,95 $

160 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4927-0

En librairie le 4 octobre 2023

Également disponible au format numérique - ePub