« Quand ma mère parlait, le reste de son corps ne participait pas. Ses mains restaient pendantes au bout de ses bras, muettes. Comme si parler était décourageant, n’apportait rien, ne pouvait pas guérir, ne pouvait pas faire de bien, ni à elle ni à autrui, comme si ce qu’elle disait ne signifiait rien. Comme si la parole était inutile, vaine, sans importance. Comme si sa parole n’avait pas de poids. Quand ma mère parlait, elle s’étouffait souvent. »
Après un récit écrit à la suite de la mort de son père (Nous étions nés pour ne jamais mourir, Leméac, 2015), Lise Vaillancourt retourne aux sources familiales avec La mère incertaine. Ici, c’est au moment de la mort de sa mère que la narratrice entreprend d’écrire un livre afin de trouver une histoire à cette femme qui ne (se) racontait pas. Qu’avaient-elles partagé ? C’est en déroulant le fil d’un destin qui prendra fin en CHSLD, entre la mémoire et l’oubli, que la fille tentera d’apaiser ce qui ne s’apaise pas : toute une vie.