Dans un village fictif des Laurentides, Margot s’ennuie. Depuis des années, elle entretient une relation complexe et fusionnelle avec sa mère, veuve, qui multiplie les aventures sans lendemain. Mais à dix-neuf ans, Margot ressent le besoin viscéral de sortir du cocon qui la protège et l’étouffe en même temps.

Un petit geste de rébellion à la fois, Margot prend ses distances. Cela commence par ses cheveux, qu’elle coupe sur un coup de tête. Puis tout s’enchaîne…

La jeune femme découvrira bien vite que ses tentatives pour prendre sa vie en main lui feront traverser un maelstrom d’émotions. Entre petites victoires et vents contraires, entre espoir et désillusion, Margot parviendra-t-elle à s’envoler ?

PRÉSENTATION

Avec La fille ingrate, Gabrielle Delamer nous offre un roman sur le difficile et parfois chaotique chemin du détachement nécessaire à l’affirmation de soi.


EXTRAIT

J’ai coupé mes cheveux. Ils ne touchent plus mes épaules. J’étais seule à la maison tout l’après-midi et je me cherchais un passe-temps. Un peu d’action. Il faisait pas beau.
Je ne pensais à rien alors que les ciseaux se refermaient sur plus de deux ans de patience, croissance, confort. Néanmoins à force de corriger, à force de raccourcir un peu plus, une certaine angoisse a fini par s’installer en moi. Je l’ai d’abord sentie dans le creux de mon ventre, puis sous mes côtes. Bientôt, elle avait gagné ma gorge, serrant mon œsophage comme s’il s’agissait d’un drap trempé qu’il faut tordre à plusieurs reprises pour qu’il respire encore un peu à l’air ambiant. Je me suis demandé si j’étais en train de m’enlaidir, moi qui ne suis déjà pas grand-chose.
Mon ennui perpétuel face à mon existence n’est pas visible à l’œil, mais il revient souvent. Comme les épisodes du téléroman que ma mère écoute : Laisse-moi t’aimer. Ça passe presque chaque jour et aux mêmes heures.
Ce besoin ardent qu’il se passe enfin quelque chose de grandiose, accompagné d’un sentiment d’impuissance à réaliser le moindre changement, qui m’envahit souvent se traduit la plupart du temps par des actions impulsives. Des tentatives désespérées à brasser la cage de ma vie sans intérêt. Je ne me blesse pas volontairement, je ne suis pas si masochiste. Sauf quand elle me réprimande alors que je n’ai rien fait. Alors là, l’injustice me rend hors de moi. Je serre mes doigts sur mes cuisses. Je crie dans mes coussins pour en étouffer le son. Je claque la porte. Ma colère est ainsi canalisée quelque part où je peux la sentir comme l’extérioriser. Parfois, les traces d’ongles restent quelques jours, mais c’est tout. Il y a des hématomes, oui, parfois, mais le sang ne coule pas. C’est donc moins pire. Moins vrai.
— La fille ingrate, Gabrielle Delamer

GABRIELLE DELAMER

Diplômée en traduction de l’Université de Montréal, Gabrielle Delamer travaille dans le domaine des médias. La fille ingrate est son troisième roman chez Leméac.

Photo : Hamza Abouelouafaa.

Roman jeunesse / Collection « LJ » / Prix indicatif : 11,95 $

152 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / 978-2-7609-4257-8

En librairie le 9 février 2022

Également disponible au format numérique - ePub