J’époussette des cartables organisés
Par couleur, par taille, par importance.

J’entends la voix de mon père :
— Tu ne pourras pas tout garder.

C’est d’une violente vérité.

Un matin d’automne, le narrateur reçoit un appel de son père : celui-ci veut transformer son ancienne chambre d’enfant en établi. Le jeune homme prend alors la route vers sa ville natale, où l’attend la difficile tâche de déterminer ce qui, dans les boîtes de souvenirs accumulés, mérite d’être rescapé. Tandis qu’il retrouve les objets familiers à l’éclat terni par le temps lui reviennent avec vivacité des moments partagés avec un premier amour, depuis longtemps perdu.

PRÉSENTATION

Ce court roman explore, dans une prose poétique sensible et évocatrice, les sentiments qui demeurent rattachés aux vestiges de l’enfance, et la lumière qu’ils peuvent toujours receler, en dépit du passage des années.


EXTRAIT

Je décide de commencer la déconstruction sans attendre.
J’attaque les murs.
J’y décroche mes affiches gommées,
Et dévisse celles laminées.

Mon père devra sabler la pièce après.
Chaque morceau que je retire laisse son fantôme.

À l’époque, ce qui était de papier
Me semblait toujours si fragile.
J’étais vraiment obsédé par les laminés.
J’avais déjà peur de l’œuvre du temps.

Je suppliais ma mère constamment;
Nous nous rendions souvent au magasin d’encadrement,
Figer dans un matériau plus ferme
Le friable et l’éphémère.

J’y passais toutes mes économies;
Petit commissaire d’une exposition
Que j’allais complètement déserter à mon âge adulte.
Les souvenirs laminés restent,
Mais ils perdent leur éclat.
Ils ne flétrissent pas, non,
Mais ils se raidissent comme des morts.

Laminer, c’est mettre en cercueil.

Munis d’un exacto,
Du bout des bras,
Je décolle mes étoiles
Qui ne sont plus fluorescentes.

Le plafond n’est plus incandescent.

Je gratte tous mes rêves évaporés
Dans la colle affaiblie
Des astres jaunis.

Elles ne filent plus,
J’ai déjà pris tous mes souhaits;

Mes perséides désertées.
— La chambre éteinte, Jonathan Bécotte

PRESSE

Porté par des images fortes et un souffle haletant, la narration nous invite sur les traces d’un premier amour, où l’enfance emprunte tour à tour le visage du bonheur, de la cruauté et de la félicité.

— Yannick Marcoux, Le Devoir

[Un] court roman poétique aux images évocatrices qui plongent le lecteur dans les joies et les peines de l’enfance.

— Véronique Larocque, La Presse

La chambre éteinte [est] une étreinte tendre pour les jeunes adultes en quête de représentation queer et un sanctuaire pour les cœurs cabossés par les affres de l’adolescence. Un vrai cocon littéraire qui nous fait voyager dans le passé pour voir un futur plus brillant.

— Andréa Spirito, Le Devoir

Je crois que cette histoire, qui montre l’évolution du personnage en plusieurs étapes, donne une vitrine à quelqu’un qui n’est pas dans le moule hétéronormatif, tout en étant une histoire à laquelle tout le monde peut s’identifier.

— Entrevue, Fugues

Jonathan Bécotte, comme d’habitude, frappe un grand coup. Ce magnifique récit est écrit en prose, tout en douceur. (...) C’est magnifique, c’est doux et c’est dur à la fois.

— Valérie Ouellet, Page par page


JONATHAN BÉCOTTE

Jonathan Bécotte est né en 1987. La chambre éteinte est son troisième roman paru chez Leméac, après Maman veut partir, qui lui a valu de remporter le prix Alvine-Bélisle 2019, et Souffler dans la cassette, pour lequel il a reçu le prix Cécile-Gagnon 2017.

Photo : Guillaume Bell.

Roman jeunesse / Collection « LJ » / Prix indicatif : 12,95 $

160 pages environ / 10,8 x 17,7 cm / 978-2-7609-4260-8

En librairie le 17 août 2022

Également disponible au format numérique - ePub