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René McKay, cinquante-cinq ans, est prof de littérature à l’université. Fraîchement divorcé de sa femme, Vicky, il a peu de contact avec son fils de vingt ans, Mathieu. Renfrogné, désillusionné, il s’est au long des années isolé du monde. Il ne vit pas, il végète, se contentant de répéter à des étudiants distraits des vérités d’un autre âge, des concepts qui n’allument plus personne.

Un malheureux séjour en Suède pour prononcer une conférence inepte devant une poignée de blasés est la goutte qui fait déborder le vase. Plus rien de tout ça ne vaut la peine. Fini, l’amour, le sexe ; fini, les illusions, les rêves, les espoirs, l’enthousiasme. Cependant, à son retour, une grève étudiante bat son plein. Et tout est à nouveau possible.

 

PRÉSENTATION

Dressant un portrait à l’acide du milieu universitaire, Biz n’épargne ni les profs ni les étudiants. Mais il célèbre l’union, la harde, la horde, c’est- à-dire le peuple en mouvement quand il n’agit pas en troupeau.

 
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EXTRAIT

J’avais de moins en moins envie d’enseigner et ça commençait à devenir un problème. On approchait l’asymptote de l’incompétence. Dans un séminaire de maîtrise en création littéraire, je peinais à dissimuler mon mépris. Tout était mauvais. Les madames de retour aux études s’épanchaient sur leurs bobos et leur vieillesse. L’une d’elles s’était imaginée en Jeanne d’Arc combattant le cancer. Les gars nous ramonaient la conscience avec des contes moralistes sur les vertus de la diversité mondialisée. Et les filles nous limaient le gros nerf avec leurs états d’âme de féministes esseulées. Ils se croyaient originaux, mais régurgitaient sans l’avoir digérée la pensée dominante de leur fil Twitter. Tout ça empestait la vieille soutane jésuite.
Sous prétexte qu’ils ont beaucoup lu, les étudiants en littérature prétendent à une insupportable supériorité morale. En vérité, ce sont des hypothéqués intellectuels; avec une mise de fonds valable, certes, mais qui ne sont pas encore propriétaires de leurs idées. Pour maintenir l’intérêt, ils empruntent en citant. Leur style est lourd, encombré d’adverbes qui leur donnent l’impression d’être précis. Il en va de l’écriture comme de la sculpture. Avec le temps, le raffinement consiste à enlever de la matière, jusqu’à la perfection des lignes.
S’ils persistaient à noircir du papier, certains deviendraient décents. Pour l’heure, c’était pénible. C’est à peine si j’entendais leur voix quand ils lisaient (mal) leur texte. Après ça, ils se congratulaient mutuellement en trouvant du sens à leurs inepties.
J’hésitais entre la rage et le détachement. Un jeune avec un chignon et un t-shirt de Dukes of Hazzard venait de lire son texte et quémandait mon avis du regard. Je n’avais rien écouté, mais ma prescription était sans appel :
— Faites des phrases courtes. Évitez les adverbes. Apprenez à ponctuer. Et rappelez-vous ce mot de Quintilien : « Une phrase trop chargée d’adjectifs est comme une armée où chaque soldat serait accompagné de son valet de chambre.
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Biz

Biz est membre du groupe rap Loco Locass. Son travail d’auteur a été récompensé par le Prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal et le Prix jeunesse des libraires du Québec en 2012 (La chute de Sparte) ainsi que par le prix France-Québec en 2015 (Mort-Terrain).

Photo : Sacha Bourque.

Roman / Collection : « Nomades » / Prix indicatif : 12,95 $

192 pages environ / 11x17,6cm / 978-2-7609-3696-6

En librairie le 29 septembre 2021

Également disponible au format numérique - ePub

 
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