Les lecteurs et lectrices de Jean Bédard savent peu de choses de sa vie, à l’exception de son expérience du cancer (Se soigner du cancer sans se faire tuer) et de l’agriculture (Journal d’un réfugié de campagne), l’auteur ayant choisi de se « cacher » dans des romans qui mettent en scène des personnages historiques (Maître Eckhart, Comenius, Marguerite Porète, Nicolas de Cues). Si on connaît bien, à travers les essais de Jean Bédard, de grands pans de sa pensée, on ignore le roman de cette pensée, c’est-à-dire comment elle s’est enracinée et développée dans une vie que l’auteur n’a jamais pu dissocier de son œuvre. On découvre dans cette autobiographie intellectuelle et spirituelle que la vie de Jean Bédard est loin d’être linéaire puisqu’elle a été ponctuée de choix décisifs, radicaux (comme brûler sa thèse et vivre deux ans dans le bois avec sa famille), qui ont balisé son parcours, de Montréal au Bas-du-Fleuve en passant par l’Abitibi, de la philosophie au travail social en passant par la psychologie, de la littérature à l’agriculture en passant par les sciences. Au fil des souvenirs (la résilience de l’enfant dyslexique), des rencontres (Klibansky, Prigogine) et des lectures (Lao-Tseu, Louis Lavelle) se déroule l’aventure passionnante de quelqu’un pour qui les idées doivent se traduire par des actes et qui cherche à vivre accordé à quelque vérité indissociable de la beauté et du bien lui permettant d’échapper à la violence.

PRÉSENTATION

Ce livre contient tous les livres de Jean Bédard, les éclaire et leur donne une seconde vie en en révélant la source. S’il est vrai que « l’homme a beau s’étendre autant qu’il peut par la connaissance, il n’en retire cependant pour finir que sa propre biographie » (Nietzsche), que c’est la vie qui signe l’œuvre, Grimper sur des lambeaux de lumière pourrait bien être le livre manquant dans l’œuvre de Jean Bédard, son livre signature. 


 EXTRAIT

Mais il y avait Max. Nos engagements professionnels et familiaux ne nous permettaient pas de longues ni de fréquentes rencontres, mais l’intensité y était. Il m’a d’abord appris à respirer. Ensuite, par petites étapes, à méditer. Après quelques mois, j’ai commencé à parler. Mais pour arriver au dialogue, il m’a fallu presque une année.
J’arrivais de la solitude et de l’enfermement total. Je le découvrais à mesure que j’entrais dans l’univers de la communication réelle, égalitaire et réciproque. On ne sait pas qu’on vit isolé tant qu’un ami ne vient pas briser notre coquille. Je réalisais la signification du diagnostic de « personnalité schizoïde » qu’on m’avait donné à la fin de mon adolescence, alors que ma mère gisait sur son lit d’hôpital.
Lorsque je sortais de chez Max, le vertige me prenait, car tous les autres visages n’étaient plus que des murs sur lesquels je me butais. Je n’arrivais pas à briser la glace, je veux dire le miroir qui nous empêche habituellement d’approcher quelqu’un. Je n’arrivais pas à écouter, je filtrais ; je n’arrivais pas à sentir, je construisais ; je n’arrivais pas à voir, je projetais mes propres films. Avec Max, le miroir s’était cassé. Nous étions des âmes côte à côte en pleine escalade de nos murs intérieurs.
Ce que je découvrais dans mes longues méditations en lotus (souvent trois heures), je pouvais le partager avec lui, et il faisait de même avec la franchise d’un enfant. De temps à autre, il invitait des amis et nous improvisions des musiques frénétiques et barbares.
— Grimper sur des lambeaux de lumière, Jean Bédard

PRESSE

[…] Mais Jean Bédard est surtout un chercheur, un être en mouvement, se décrivant même comme une « espèce en voie d’apparition ». Un éclaireur, attiré par la pensée des premiers peuples, qui raconte avoir défriché son propre sentier, à coups d’essais et d’erreurs, avec l’espoir d’atteindre des sommets dont lui seul a l’intuition.

— Christian Desmeules, Le Devoir

 

JEAN BÉDARD

Jean Bédard, docteur en philosophie, enseigne le travail social à l’Université du Québec à Rimouski. On lui doit des romans historiques, une trilogie des chants de la terre et des essais sur l’écologie. Son travail d’écrivain lui a notamment valu de remporter le prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec.

Photo : Nicolas Paquet.

Essai littéraire / Collection « Phares » / Prix indicatif : 23,95 $

200 pages environ / 14 x 21,6 cm / ISBN : 978-2-7609-9486-7

En librairie le 30 août 2023

Également disponible au format numérique - ePub