Au début du XXe siècle, de nombreuses campagnes d’explorations furent lancées à la conquête de l’Arctique, objet de fascination pour les hommes, aventuriers ou pionniers. Certaines d’entre elles revinrent auréolées de gloire, d’autres disparurent corps et biens, englouties par les glaces et la nuit. L’expédition Ellesmere fut de celles-ci. Yann Fourny, captivé par la magie de ce territoire, a trouvé le journal de bord d’un cartographe anglais nommé Erwin Inglefield, membre de cette mission scientifique évanouie sans laisser de traces en 1908. Le texte en est ici restitué.

 PRÉSENTATION

Voici un ouvrage atypique par sa facture, dans lequel le récit progresse au fil parfois inquiétant de l’intimité d’un personnage descendu par idéalisme dans l’abîme de l’oubli. À la suite du journal, l’auteur expose sa propre enquête, menée après cette découverte, pour établir le sort réservé par l’Arctique à Inglefield et ses camarades.

Dans cette région inhospitalière, où les jours sans fin succèdent à des nuits d’encre, ont-ils été aveuglés par leurs chimères ou par la folie des glaces ? Ont-ils seulement existé ?


EXTRAIT

Le récit qui va suivre, cependant, est dédié aux aventuriers et aux explorateurs d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui échouèrent, échouent et échoueront dans leurs quêtes. Les éternels derniers, les éternels tout court, car il n’y a de gloire que dans l’éternel et d’éternel que dans la mort, et dans l’impossibilité de mettre une date sur le jour de leur fin, il est humain d’espérer qu’ils soient toujours là, quelque part, sur le rivage d’un continent ou d’une île lointaine, à attendre.
(…)
Cette histoire est ainsi dédiée à ceux qui ne descendront plus jamais, à ceux que la naïveté, le manque de préparation ou la malchance enverront sur la route à sens unique de la perte et de l’oubli, mais celle aussi donc, de l’éternité. Ceux qui jamais ne reparaîtront. Ceux qui ne répondront plus aux appels, n’enverront plus la moindre nouvelle, ceux dont on perdra la trace, la position, et ultimement la mémoire. Ceux que l’on présumera morts, ou tout simplement disparus, qui ne peupleront plus que les rivages d’un imaginaire vague et imprécis. L’humain se souvient naturellement du premier, du vainqueur, mais plus rarement du second. Combien de sherpas ou de porteurs dans nos récits de victoires ? Combien de guides ou de matelots ? Imaginez alors ce qu’il advient de celui dont on ne sait plus rien, si ce n’est qu’un jour, il partit. C’est une de ces histoires que vous vous apprêtez à lire, et dans l’impossibilité de savoir si elle est véridique, imaginons au moins qu’elle soit vraisemblable. Car, croyez-le ou non, l’auteur de ce livre n’est pas un faussaire. Il n’inventera pas, il imaginera. Il tentera de se faire le porte-voix de ceux qui n’ont pas laissé de traces, ceux à qui l’on ne peut pas reprocher d’avoir pris les mauvaises décisions car ils se sont contentés de disparaître. Corps et biens.
— Dans la nuit arctique, Yann Fourny

YANN FOURNY

Pilote d’avion-ambulance dans les communautés isolées du Nunavut, Yann Fourny a longtemps vécu entre Montréal et l’Arctique. Inspiré par la beauté des paysages et du peuple inuit, il partage dans ce premier livre sa fascination profonde pour ce territoire.

Photo : Clara Regonesi.

Roman / Prix indicatif : 32,95 $

328 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4891-4

En librairie le 6 avril 2022

Également disponible au format numérique - ePub