C’est un hiver de grande, de froide solitude. Au bord de la petite baie Cascouia, dans le chalet familial laissé à l’abandon depuis des années, Sarah peine à se réchauffer. Pourquoi fuit-elle en avant, tête baissée, sabotant toutes ses chances de bonheur ? Pourquoi tente-t-elle de se punir d’une faute qu’elle n’a pourtant jamais commise ?

C’est ici, dans ce village du Saguenay, que son père est mort dans des circonstances troubles, alors qu’elle n’avait que onze ans. C’est ici qu’à trente-cinq ans Sarah essaiera de comprendre. Et que, seule ou avec d’autres – son revenant de frère, ses voisins bienveillants, et ce petit garçon à la présence providentielle –, elle finira par se reconstruire.

 PRÉSENTATION

Porté par les voix de personnages plus vrais que vrais, ce premier roman plein de vie est le récit d’un sauvetage, une ode à la solidarité et à l’esprit de communauté.


EXTRAIT

— Pepa ! Pepa ! J’ai attrapé un gros papillon orange ! R’garde mon papillon ! R’garde !
Je suis arrivée en courant. Mon père est déjà assis sur le rocher. Je savais pas que c’était déjà l’heure parce que j’étais en train d’essayer de capturer des papillons dans le petit bois en arrière du chalet. Ma mère m’a donné un bocal en vitre.
Quand il y a deux ou trois papillons dedans, je l’ouvre pis je les laisse s’envoler. Vincent dit que ça compte pas si je les garde pas dans le pot, pis que si je leur touche les ailes, y pourront pus voler. Lui, y capture des libellules, des fois. Moi, j’aime pas ça pantoute, les libellules. C’est la première fois que je capture un papillon orange pis noir. Je le surveillais depuis longtemps : je me suis approchée pis j’ai mis le pot dessus d’un coup. J’étais tellement excitée. C’est pour ça que mon père est arrivé avant moi, à soir. À cause qu’y m’a pas trouvée.
— T’es là, fillon… Viens t’asseoir. Montre-moi ça.
D’habitude, le soir, je traîne autour du chalet ou bien je joue chez matante Jeanne, un peu plus loin par là-bas.
Grand-maman m’écoute pratiquer mon piano, aussi, des fois.
Mon père, lui, y disparaît souvent. Y se « retire », comme il dit, dans la remise, longtemps. Sauf quand matante Jeanne ou un voisin arrive. Moi, j’aime ça parce que ces fois-là, on dirait qu’il a pus d’ouvrage dans la remise, mon père, y reste avec nous autres. Pis y joue de l’harmonica sur la galerie.
Mon père dit qu’astheure, le chalet de grand-maman, ben c’est rendu notre chalet. Mais ça change rien parce que maman pis papa lui laissent la grande chambre, quand elle est ici, pis y viennent coucher en haut, avec Vincent pis moi.
Y fait chaud, mais c’est ben plus plaisant : mon père, y dit plein d’affaires drôles pis je ris dans mon oreiller, pour pas faire de bruit.
— J’ai attendu longtemps longtemps dans le p’tit bois ; j’pensais jamais être capable de l’attraper ! Eee… c’est quelle sorte, han, pepa ?
Mon papillon bouge pas, mais y va être encore capable de voler. J’ai faite attention, j’y ai même pas touché. Sûr que ses ailes sont pas brisées.
— Ça ? Hmm… j’dirais… de nuit. Papillon sauvage de nuit.
— Papillon sauvage de nuit ? Eee… même pas vrai ! Ça existe même pas !
— Ben oui Sarah, ça existe ! Ben oui !
— Arrête de faire simple, là. Pis c’est même pas encore la nuit ! Le soleil, y est encore là…
— Pus pour longtemps, t’es arrivée jusse ben. On a encore du temps.
— Pepa ?
— Hmm.
— Pourquoi que l’soleil, y s’cache, au fond d’la baie ?
— Cré Sarah. Y se cache pas, y… y pense, y s’prépare, pour les autres jours.
— C’est-tu vrai, ça ? Han ?
— Certain.
— Ah… Okay d’abord.
Je colle ma tête sur l’épaule à mon père pis je souris.
D’habitude, je trouve tout le temps que ça prend du temps, avant que le soleil, y se mette à descendre dans l’eau. À soir, ça prend pas grand temps. Mais ça me fait rien, quand ça va pas vite, ça me dérange pas.
J’aime ça, être collée sur l’épaule à mon père.
— Cascouia, Mélanie Minier

PRESSE

Avec son premier roman publié, Cascouia, Mélanie Minier propose une fiction ancrée dans le vrai. Dans le décor de sa jeunesse et un joual typiquement saguenéen, parlé par des personnages qui empruntent certains traits à sa famille, l’auteure raconte l’histoire de Sarah, une femme de 35 ans, justement en quête de vérité.

— Marc-Antoine Côté, Le Quotidien

Mélanie Minier a le sens du détail, d’un mot qui tombe et fait des cercles autour comme une pierre dans l’eau. (…) Un très beau roman qui nous emporte dès la première phrase.

Yvon Paré

Premier roman de Mélanie Minier, Cascouia est un récit introspectif de deuil et de rédemption écrit avec sensibilité, où l’autrice ose s’appuyer sur une narratrice farouche aux contours rugueux qui ressasse ses malheurs, ses échecs et ses mauvais choix. […] Tandis qu’elle dépeint par petites touches la majesté des paysages, au contact desquels l’héroïne se réapproprie ses racines, la native de Jonquière enchaîne les dialogues vivants en recréant avec bonheur des expressions et des tournures de phrases typiquement saguenéennes.

— Manon Dumais, Le Devoir ★★★ 1/2


MÉLANIE MINIER

Mélanie Minier est née en 1981 dans cette ville du Saguenay qu’on appelait encore Jonquière. En 2020, elle a remporté le premier prix du concours littéraire Damase-Potvin avec sa nouvelle « Elle s’appelait Zaharah ». Titulaire d’un certificat en création littéraire de l’Université du Québec à Chicoutimi, elle termine actuellement un baccalauréat en études littéraires françaises.

Photo : Martin Girard.

Roman / Prix indicatif : 21,95 $

176 pages environ / 14 x 21,6 cm / 978-2-7609-4899-0

En librairie le 20 avril 2022

Également disponible au format numérique - ePub