« Dans ce temps-là, je savais pas encore que ce seraient des garçons qui me feraient l’effet d’être des bombes atomiques quand ils sourient, je pensais que je mènerais une vie simple, comme celle de papa-maman-mononk-matante-grand-papa-un- grand-papa-deux-grand-maman-un-grand-maman-deux pis toute l’estie de gang qui à sept heures et quart le samedi matin passaient la tondeuse l’été, la souffleuse à feuilles à l’automne pis la souffleuse à neige l’hiver.
Entéka.
Une nuit, vers 12-13 ans, j’avais eu un flash : le jour où j’allais savoir que j’avais enfin découvert LA fille de ma vie… je lui jouerais une toune à la guitare pour lui expliquer à quel point je l’aimais.
La maudite affaire, c’est que… j’ai jamais appris à jouer. Pis que la fille s’appelle Ben, pis qu’y est garagiste, pis que chus certain que quand y va avoir entendu ce que je viens jus’ jus’ jus’ de dire, y va mett’ une chainshaw dans valise de son char pis descend’ en ville en faisant crier ses tires, pour me faire rentrer dans sept sacs à vidanges verts cordés su l’ bord d’un trottoir. »